mercredi, novembre 21, 2007

le voyage en Grèce, vol. XII

Réveil à 5 heures. Le froid de la nuit. Rassembler les affaires. Commencer à monter. Le litre et demi de Retsina tape encore dans le crâne et les jambes.

La lumière, doucement, s’adoucit.

L’aube, l’aurore ; et le miracle. Tous les matins du monde.




Je m’enivre, bien autrement que la veille. Les oiseaux se mettent à chanter. Le centre du monde.




Une source. « Retrouver le geste ancien de boire » disait en substance Guillevic je ne sais plus où.

Sanctuaire d’Apollon. La chance de la solitude. Personne d’autres que des oiseaux, la lumière, et les traces des petits pieds enflés d’Œdipe. La Pythie m’attend.



Moments de grâce, l’émotion me bouffe. Larmes.

Le temple d’Apollon, se dire qu’il faut renoncer aux mots, aux images, à toute tentative de représentation. Je suis au monde, je suis ailleurs.





Le vent et la lumière, la chaleur qui commence à monter au fil du soleil qui, peu à peu, éclaire les marches du théâtre. Je relis Sophocle. Un rossignol se met à chanter. Un rouge-gorge s’amuse. Au loin, les oliviers dans la brume et le ciel, bleu, si bleu.





J’entends les premiers cars de touristes. Je peux redescendre, maintenant. Des cloches et des bêlements ; un berger sort ses chèvres dans la vallée.

L’aube, l’aurore, tous les matins du monde.

Le soleil se lèvera toujours sur Delphes.





Musée archéologique de Delphes. Groupes scolaires qui hurlent et courent de partout. Groupes de vieux allemands en short. Le cauchemar à hauteur des heures de magie que je viens de vivre. L’omphalos et l’aurige, malgré tout. Mais putain que je suis heureux d’être arrivé si tôt au sanctuaire.




Attente du bus qui me ramènera à Athènes. La sono d’un café pour touristes passe une soupe internationale du plus mauvais goût. Et d’un coup, l’éclat de rire intersidéral. Amel Bent qui se met à beugler « ma philosophie ». Ici, à Delphes. Cette abrutie d’Amel Bent qui ose parler de philosophie. Franchement. A Delphes. Tremble, Apollon, la France représente…

« Je n'ai qu'une philosophie
Être acceptée comme je suis
Malgré tout ce qu'on me dit
Je reste le poing levé
Pour le meilleur comme le pire
Je suis métisse mais pas martyre
J'avance le coeur léger
Mais toujours le poing levé

Viser la Lune
Ça me fait pas peur
Même à l'usure
J'y crois encore et en coeur
Des sacrifices
S'il le faut j'en ferai
J'en ai déjà fait
Mais toujours le poing levé »

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Hola ouais, le retour à la "civilisation" à dû être dur avec une telle casserole française... T_T

ubifaciunt a dit…

Bah, j'étais dans un tel état de joie que même Michel Sardou aurait pu passer, en fait... (quoi que, non, pas Sardou... faut pas déconner non plus)

(au fait, c'est quand xé le Japon lost in translation par chez vous ?)

Anonyme a dit…

Un des plus beaux endroits du monde.

ubifaciunt a dit…

Je crois aussi, cher Hell(as). Vraiment. Je n'en suis pas encore totalement revenu, et tant mieux.



(Fait bien plaisir de te lire, petit sacripan...)