mercredi, novembre 07, 2007

la joie de vivre...

Elle m'avait prévenu à peine rentré de Grèce. "Tu réserves ton mardi 6 novembre, 20 heures précises, place de Clichy, c'est une surprise."

Et comme je kiffe les surprises, et comme je la kiffe, j'ai pas cherché à en savoir plus.

Ce mardi, ce matin, l'impatience des 20 heures, la nuit fut belle et courte bikoz le Québec, les mots, et une autre que je kiffe. La gueule dans le cul toute la journée, le poids des cernes que je sens noircir sous les yeux. Et l'impatience.

Coup de fil du T. à 19 heures, alors que je vais quitter le boulot "Putain, ils occupent la Sorbonne!!!". Yesssssss, le mouvement qui semble prendre, Tolbiac, Rouen, Toulouse, Rennes, et la Sorbonne, comme un symbole. Peut-être finalement que je vais juste choper la M. pour bouger dans une occup' ou une manif de début de mouvement ; je dis au T. que je le rappelle un peu plus tard.

Un bonheur, une surprise et une joie, ça fait déjà pas mal pour une journée. Sourire niais du gars fatigué qui marche tel un robot dans les couloirs du métro.

Place de Clichy. J'ai toujours aimé cet endroit qui sent le populo, le troquet à deux sous et le début du Voyage, quand le Bardamu s'engage, comme un con. Une place de Paris, si simple, qui ne cherche ni à montrer ni à convaincre.

"Au numéro 7", m'a-t-elle dit. Ô mes théâtres, le néon rouge du Méry, et une simple affiche "Barbara, d'une rive à l'autre".

Elle est un peu à la bourre, le spectacle commence à 20 heures pile, je pense aux copains-ines du côté du Saint-Michel. Une clope. M. qui m'invite qui m'invite à un concert de reprises de Barbara.

La vie qui oublie parfois d'être une chienne.



Spectacle inégal, des danseuses (!!!) qui ne servent à rien et semblent danser de la techtonik sur "Gare de Lyon", une vieille à la voix fausse de harangère massacre "Ma plus belle histoire d'amour", par contre le pianiste/accordéonsite assure et la plus jeune des deux chanteuses est vraiment, par moments, touchante.

"Marienbad", comme un murmure, me fait tressailllir. La voix de la Barbich' en live fait résonner "A peine" alors qu'il est seul au piano à bretelles. Quelques moments d'oubli, où je ne pense pas à la manière dont elle l'aurait chanté, où le texte et le son prennent sens dans cette salle du XVIIème.

Et puis, le miracle, le vrai, celui qui ne prévient pas et qui arrive, qui vient de loin, "le Mal de vivre", habité, vécu, vivant. Mes doigts suffoquent sous les soufflets de l'accordéon, la voix ne cherche pas, n'imite pas, mais vibre, pleure et caresse.

Oh viens la vivre, viens la vivre, ta joie de vivre, ta putain de joie de vivre, de Rome ou d'Amérique, ou de la porte Saint-Martin. Ta joie de vivre.

Pas de rappel, le spectacle sur le Beatles commence dans dix minutes. A l'Entracte, troquet culte à côté de l'Européen, quelques blancs, quelques bières, je m'étends sur la Grèce, Montreuil et la Sorbonne occupée. M. écoute, sourit, partage ces petits bouts de joie.

La joie de vivre.

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