vendredi, janvier 30, 2009

"J'écoute, mais j'tiens pas compte" (1)








Ca se radicalise, les z'aminches... Ca sent d'autant plus bon que la Cégète minimise le nombre de manifestants (300.000 à Paris, ah ah ah, au moins le double...) et que TF1 parle juste des trains qui ont plutôt bien roulé grâce au service minimum mis en oeuvre par le gouvernement.

Trêve de blague.

Manif énorme de Bastoche à Opéra qui se termine si joliment en digne rage. La "base" de la dite Cégète qui court au baston alors que le service d'ordre a dit que "non, y a danger, faut pas y aller, en bas..."

La "base" de la dite Cégète qui en revient aux fondamentaux sur ses pancartes (oui, c'est bien une section du 91 qui, à trente personnes, en appellent à ça) :











De partout, donc, à Bastoche, ça fleure bon la joie de se voir si nombreux, de rappeler à "Casse-toi pauv' con" quelques références historiques sur le pouvoir du peuple et la rue qui gouverne :





























La gang de la "mouvance contestataire" est chaleureusement applaudie et félicitée pour sa putain de banderole (on se revoit samedi à 15 h à Luxembourg, les gens....) :








Private joke, seul-e-s les présent-e-s savent... :








Et puis, la nuit commence à tomber, ça applaudit aux banques tagguées, des vieilles de 70 ans disent que c'est magnifique et si juste, quand même... :














Rumeurs comme quoi ça chauffe à Opéra sur la fin, on se speede et putain de chouette ambiance qui rappelle les folles nuits du CPE, le mélange de gens en plus. Pas mal de vieux, vraiment, insultant les keufs sous l'oeil attendri d'une paire de zouzous de tiékar, des badauds qui prennent part, les bleus protègent la place Vendôme et la route vers l'Elysée, une belle alliance entre la "base" la Cégète et des totos des deux côtés d'une ligne de keufs, ça pousse et ça charge, les flics bouffent bien et gazent à tout va. Slogans spontanés et déterminés, un "Casse-toi pauv' con" tient bien dix minutes, "Sarko démission" à gogo, et autres joyeusetés envers nos amies forces répressives. En choeur. Vraiment.




















Un millier à rester sur la fin, repoussés sur le boulevard des Italiens. Hésitation à partir en manif sauvage, finalement on tente plutôt de garder notre position, sans doute pour prolonger la joie de ce moment dans les feux qui commencent à naître. Keufs de plus en plus aggressifs. De belles rencontres et des insoupçonnés qui élèvent des petites barricades. Un bon début, vraiment, un moment rare après une manif d'une telle ampleur. Les mauvais jours finiront. Vivement la suite...




























Pour finir, hommage, tendresse et kassdédi énorme à ce vieux de 65 berges, seul avec sa pancarte faite maison remontant le cortège dans la nuit des grands boulevards. Tout le monde, interloqué mais pas tant que ça, le regardait. Lui souriait. Comme l'évidence d'une France qui sait que le meilleur est à venir. Et que la vérité tout autant que les armes seront la seule issue. Puisque ça reparle ouvertement de violence dans les cortèges. De pendaisons. De rêves de meurtre. Et que lui l'affichait tout haut. Comme un symbole qui ne va pas tarder à refleurir.




















(1) : ...qu'il a dit y a pas longtemps "casse-toi , pauv' con". Et là, tu la sens not' grosse grève, "pauv' con" ? Et tu vas pas tenir compte ? T'inquiète, c'est pas grave, tu vas finir par comprendre...

lundi, janvier 26, 2009

Le paradigme d'une ambiance bon enfant...


"- N'ayez crainte Philémon et Domitille, puisque les voies du Seigneur sont impénétrables, notre Très Saint Père recommande vivement la pratique du 'fist fucking' au sein de la chambre conjugale.

- Certes... Mais, dites-nous, cher Abbé Cottard, est-ce bien à l'ordre de la Fraternité du Saint-Esprit que nous devons libeller le chèque pour la prochaine régate d'Enguerrand ?"











Espoir et salut de la France, Xavière T. revient, et elle est super vénère !











Le crack ferait également des ravages parmi la jeunesse catholique.











(photos prises par la glorieuse Antimollusques à l'occasion de la "Marche annuelle pour la vie", autrement dit, la manif annuelle des joyeux intégristes consanguins contre l'avortement...)




Quand il n'est pas avec l'abbé Cottard, Enguerrand fredonne une ode à Nathalie (son amour des JMJ) avec Oldelaf et Monsieur D

vendredi, janvier 23, 2009

je serai triste comme un saule...






Y a des fois où le temps va bien avec.

Le glauque, le vent et les rafales de pluie sordide.

Crémation du père d'une collègue de taf, ce matin.

Au matin.

Aux Ulis.

Putain da banlieue sud qui m'a toujours débecté.

Le retard à la gare RER de Massy-Palaiseau, les putains de ronds-points dans lesquels on se paume fatalement, la zone industrielle et cette si gentille grosse dame noire à l'arrêt de bus qui nous indique la route du crématorium, là-bas, loin après le troisième rond-point.

Une route à l'écart, à la Lynch, la pluie, l'autoroute en contrebas, le camp de gens du voyage juste après la pancarte "cimetière 'les oiseaux' - crématorium", espaces de relégation sociale, l'abject de la mise au loin, sous la pluie de rafales sordides.

Parking désert, pyramides faussement ésotériques, la maigre famille est là, l'oncle venu de Montréal, la grand'mère et sa canne, les trois cousines de blanc et de collants vulgaires.

Pas d'amis.

Et nous.

Quatre collègues.

Que ça semble exceptionnel à la maman.

Le master de cérémonie nous invite à passe à côté.

On marche dans le vent, près d'un cimetière sans tombes, juste quelques plaques dans l'herbe de quelques collines, plutôt touchant.

Cercueil de bois clair, mort à 51 ans et le crabe le bouffait depuis déjà plus de cinq ans. Soins intensifs et tout le bordel. Et même pas une infirmière dans l'assistance.

Le master de cérémonie enchaîne trois chansons violonesques. La famille pleure. Il dit qu'il va tourner la clef pour que le cercueil descende dans une salle qui ne sera pas celle où il y aura la crémation, que ceux qui ne veulent pas assister à icelle peuvent sortir par la porte de droite, qu'il y a maintenant le temps de recueillement.

Il dit que ça figure un peu comme si le corps était enterré.

Il tourne la clef.

Il invite à passer dans la salle à côté.

Ca a duré à peine un quart d'heure.

Personne de la famille ne semble poser de questions, personne n'attend que le corps crame, personne n'attend les cendres.

Aucun rituel, aucune sacralisation.

Une douleur calibrée sur quinze minutes.

Une des cousines demande, en plaisantant à demi, s'ils se retrouvent à manger au Mac Do. Rien n'est prévu.

Je cherche le moment le plus juste pour la serrer dans mes bras, essuyer une part de son deuil avec mon écharpe et un sourire, lui filer la carte et l'enveloppe qu'on a préparées avec les collègues, des mots bien faibles de réconfort et un peu de fric pour je ne sais quoi.

Et on s'éclipse.

Clope devant la bagnole.

Même pas grillée que la famille est déjà partie pour le Mac Do ou le je ne sais où.

Même pas cramé.

Vouloir bouffer ensemble, tous les quatre, pour un peu de temps ensemble.

Du temps.

Du temps qu'on n'a pas eu ici.

De la tristese dans la bagnole, mais pas de la belle tristesse de deuil, de cette ignoble tristesse de truc affreux qui s'est passé, ou plutôt, qui ne s'est pas passé.

Car rien ne s'est passé.

Rien ne s'est dit.

De l'indigne, en somme.

De cette tristesse qui s'est mue en colère.

Que si ce monde de merde est indigne avec des pauvres, des vivants, des lâches et des faibles, il commence aussi à le devenir avec ses morts.

Et que chacun raconte aux autres ses beaux enterrements, où les larmes sont aussi nombreuses que la pluie du matin et les bouteilles qui se vident après ; où l'on peut être faible, pauvre, lâche et vivant pour quelques jours ; de l'enterrement où les croque-morts en bleu de travail peinent à descendre avec les cordes le cercueil dans la tombe ; où le dernier baiser au froid du front ; où la fête après, paradoxale et nécessaire, parce qu'il est encore là et que la vie, vaille que vaille.

Au restau, après, tous les quatre. De la bouffe consistante, vigoureuse. Et du vin. Du vin.

Qu'on parle encore au début de ce tout qui nous a effrayé, si peu de temps. On en parle encore un bon bout de temps, en fait. Que même le Wolfgang traîné sans honneur à la fosse commune, que même au cimetière des chiens d'Asnières, que...

Et puis, peu à peu.

Je n'irai pas bosser aujourd'hui.

Je ne saurai pas.

Je rentre, du vin, Brassens et Brel, ça chantait la mort à l'époque, ça tentait de la taquiner, et ça durait pas quinze minutes aux Ulis.

Du vin.

J'ouvre mes mails.

Le Thib' m'envoie, sans rien en savoir, une affiche d'une manif bruxelloise pour ce samedi.













(Hommage aussi au Rubab et à une aprème au bord du canal...)





Le Georges en espagnol, le Testament...

vendredi, janvier 16, 2009

Grèce générale !!!








Edit : Le sous-commandant Marcos, au nom de l'EZLN, nous apprend qu'il apprend beaucoup des camarades grec-que-s. Nous aussi. La preuve, avec ce texte merveilleux.







"Compañera, Compañero, Grèce rebelle, Nous, les plus petits, depuis cet endroit reculé du monde, nous te saluons. Reçois notre respect et notre admiration pour ce que tu penses et ce que tu fais. D’ici, au loin, nous apprenons de toi. Merci.



Des violences et d’autres choses.

Il y a longtemps que le problème posé par les calendriers et les géographies empêche de dormir le Pouvoir et lui a ôté de son lustre. Dans les uns comme dans les autres, il a vu (et verra) l’engrenage reluisant de sa domination se bloquer et se décomposer. De sorte qu’il faut prendre un soin extrême dans le maniement des calendriers et des géographies.

En ce qui concerne les géographies, l’affaire semble entendue : à en croire leur simulacre, la Grèce serait très loin du Chiapas. Tandis qu’à l’école on enseigne qu’un océan sépare le Mexique de la France, du Pays basque, de l’Espagne et de l’Italie. Et quand on regarde une carte, on peut constater que New York se situe très au nord du Chiapas indigène mexicain, chose qui a été réfutée il y a quelques heures à peine par les compañeras et compañeros du mouvement Justicia para El Barrio (Justice pour le /Barrio/ [quartier]). Quant à l’Argentine, elle serait très au sud de ces terres, chose que conteste fermement le compañero de Solano qui vient d’achever son exposé.

En réalité, une telle séparation n’existe ni en haut ni en bas. La brutale mondialisation néolibérale (la quatrième guerre mondiale, comme disent les zapatistes) a placé les lieux les plus distants dans une simultanéité spatiale et temporelle pour le flux des richesses... et pour leur appropriation.

Au diable les contes pleins de fantaisie sur les prétendus découvreurs-conquérants héroïques terrassant par l’épée et par la croix la faiblesse de ceux que l’on « civilisait ». En lieu et place des trois caravelles bien connues, un ordinateur à haut débit. En lieu et place d’un Hernán Cortés, un automate simultané érigé en gouvernement dans le moindre recoin de la planète. En lieu et place d’épées et de croix, une machine de destruction massive et une culture qui partage avec le fast food non seulement son omniprésence (McDonald’s, comme Dieu, est partout), mais aussi son caractère indigeste et son pouvoir nutritif nul. C’est cette même mondialisation qui fait que les bombes des gouvernements israélien et nord-américain s’abattent sur Gaza en faisant trembler le monde entier. Avec la mondialisation, le monde entier de l’en haut est mis à notre portée... ou, plus exactement, ouvert à notre regard et à notre conscience. Les bombes qui assassinent des civils palestiniens constituent également un avertissement à retenir et à assimiler. La chaussure lancée sur Bush en Irak est quelque chose qui peut se reproduire n’importe où ailleurs sur le globe.

Tout cela est décidément lié au culte de l’individu. L’euphorie enthousiaste qu’à suscitée chez les bien-pensants cette chaussure lancée sur Bush (qui ne fait que démontrer que le journaliste en question ne sait pas viser) ne revient qu’à célébrer un geste courageux, certes, mais inutile et sans conséquence aucune en ce qui concerne l’essentiel, comme l’a démontré quelques semaines plus tard le soutien inconditionnel apporté par le gouvernement de Bush au crime que perpètre le gouvernement israélien en territoire palestinien, crime qui est soutenu également - que l’on me pardonne d’ôter ses illusions à quiconque avait allumé un cierge au pied de la photo de Barack Obama - par le successeur de Bush.

Et tandis que le coup raté en Irak hérite d’applaudissements, l’insurrection à Gaza ne suscite qu’inquiétude et préoccupation : « On court le risque, nous prévient-on en guise d’exorcisme, que la rébellion en Grèce s’étende au reste de l’Europe. »

Nous avons déjà pu entendre et lire tout ce qui nous a été communiqué par la jeunesse rebelle grecque sur sa lutte et sur ce à quoi elle s’affronte. Nous avons pareillement entendu et lu ce que disent ceux qui se préparent à résister en Italie à la force du gouvernement. De même pour la lutte quotidienne de nos compañeras et compañeros au nord du Nord.

Face à cela, en haut, tout le monde sort son dictionnaire pour y trouver le mot « violence » et l’opposer à « institutionnel ». Après quoi, sans y donner de contexte, c’est-à-dire sans parler de classe sociale, les mêmes accusent, jugent et condamnent.

Ils nous disent que la jeunesse grecque qui met le feu aux poudres dans la péninsule hellénique est violente. Évidemment, on préfère oublier, mutiler, effacer le fait que la police y a assassiné un jeune.

Au Mexique, dans la géographie tracée par la ville du même nom, Mexico, un gouvernement de la gauche institutionnelle a assassiné un groupe de jeunes, des adolescents pour la plupart. Une partie de l’intelligentsia progressiste a conservé un silence complice sous prétexte que cela ne ferait que distraire l’attention du public, que l’on disait concentrée sur le cirque carnavalesque orchestré autour de la prétendue défense du pétrole mexicain. L’agression sexuelle commise ensuite sur des jeunes femmes dans les cellules de la police a été couverte par les grands renforts de tambours et trompettes annonçant une consultation qui a été un échec cuisant. En revanche, aucune condamnation de la violence d’une police qui, contrairement à ce que l’on a dit, n’a pas agi inconsidérément. Cette police a été préparée depuis des années pour réprimer, pour harceler et pour abuser des jeunes, des vendeurs ambulants, des travailleurs et des travailleuses du sexe, des habitants de cités et quiconque conteste le gouvernement des patinoires, des mégaspectacles style Fujimori et des recettes de biscuits. N’oublions pas que la doctrine qui sous-tend les agissements de cette police a été importée à Mexico par l’actuel président mexicain « légitime » quand il était au pouvoir dans le DF.

À Mexico comme en Grèce, les gouvernements assassinent des jeunes.

La paire gouvernementale USA-Israël montre aujourd’hui à Gaza la marche à suivre : il est plus efficace de tuer les habitants quand ils ne sont encore que des enfants.

Auparavant déjà, au Mexique, il y a dix ans selon le calendrier actuel, de jeunes étudiants de l’UNAM ont déclenché un mouvement qui désespérait la gauche bien-pensante, une gauche hystérique, comme aujourd’hui, qui les a furieusement calomniés et discrédités. À l’époque aussi, on a dit que c’était un mouvement violent qui ne visait qu’à distraire l’attention de la grise campagne électorale du gris candidat à la présidence du gris Parti de la révolution démocratique. Dix ans plus tard, aujourd’hui, il convient de rappeler que l’UNAM continue d’être une université publique et gratuite grâce aux efforts acharnés de ces femmes et de ces hommes, de ces jeunes que nous saluons en ce jour.

Cependant, dans notre douloureux Mexique, ceux qui méritent la palme en matière d’us et abus de la tergiversation du terme « violence », ce sont Felipe Calderón Hinojosa et les médias qui l’accompagnent (toujours moins, d’ailleurs). Dans son immense sagesse, monsieur Calderón, amateur des jeux de stratégie en temps réel sur ordinateur (son jeu favori, a-t-il déclaré un jour, est Age of Empires, « L’Époque des empires »), a décidé qu’au lieu de pain et de jeux, le peuple devait recevoir du sang. Étant donné que les hommes politiques professionnels se chargent du cirque et que le pain est une denrée très chère, Calderón, s’appuyant sur un camp de narcotrafiquants, a décidé de faire la guerre à l’autre camp. Violant la Constitution, il a dépêché l’armée pour assurer le labeur de la police, du ministère public, des tribunaux, des gardiens de prison et des bourreaux. Le fait qu’il est en train de perdre cette guerre, personne ne l’ignore sauf les membres de son cabinet ; et le fait que la mort de son partenaire sentimental a été un assassinat, on le sait aussi sans que cela ait besoin d’être publié dans les journaux.

Et dans leur guerre, les forces du cabinet de Calderón ont à leur actif l’assassinat de bon nombre de personnes qui ne devaient rien à personne, d’enfants et de bébés qui n’ont pas encore vu le jour.

Avec Calderón à la barre, le gouvernement du Mexique se tient un pas en avant de celui des États-Unis et d’Israël : lui, il les tue dès qu’ils sont dans le ventre maternel.

On a dit, pourtant, et les éditorialistes et animateurs de radios le répètent encore, que l’on allait employer la force de l’État pour combattre la violence du crime organisé.

Or il est de plus en plus évident que le crime organisé c’est celui qui dirige la force de l’État.

Mais peut-être ne s’agit-il que d’un intelligent stratagème de Calderón, dont l’objectif est de distraire l’attention. Il se peut en effet que le public, occupé comme il l’est par l’échec sanglant de la guerre contre le narcotrafic, ne se rende pas compte de l’échec cuisant de son cabinet en matière de politique économique.

Revenons cependant à la condamnation de la violence qui est faite en haut.

On opère une transformation fallacieuse, une fausse tautologie : en haut, on prétend condamner la violence, mais en fait on condamne l’action.

Pour ceux d’en haut, la contestation est un mal saisonnier du calendrier ou, quand c’est jusqu’au calendrier qui est remis en question, une pathologie cérébrale que l’on soigne, selon certains, à force d’une grande concentration mentale, en se mettant en harmonie avec l’univers, comme ça tout le monde est un être humain... ou un citoyen.

Pour ces violents pacifistes, tout le monde est un être humain. La jeune Grecque qui lève une main brandissant un cocktail Molotov est humaine, comme l’est le policier qui assassine tous les Alexis qui ont existé et existeront dans le monde ; l’enfant palestinien qui pleure à l’enterrement de ses frères tués par les bombes israéliennes est humain, comme l’est le pilote du chasseur bombardier au fuselage arborant l’étoile de David ; monsieur George W. Bush est humain, comme l’est le sans-papiers assassiné par la Border Patrol dans l’Arizona, USA ; le multimillionnaire Carlos Slim est humain, comme l’est la salariée d’un magasin Sanborns qui met trois ou quatre heures pour aller au travail et en repartir et qui est foutue à la porte si elle arrive en retard ; monsieur Calderón, qui se prétend chef de l’exécutif fédéral mexicain, est humain, comme l’est le paysan dépossédé de ses terres ; monsieur López Obrador est humain, comme le sont les indigènes assassinés au Chiapas, qu’il n’a jamais vus ni entendus ; monsieur Peña Nieto, prédateur de l’État de Mexico, est humain, comme l’est le paysan Ignacio del Valle, membre du FPDT (Front communal en défense de la terre), emprisonné pour avoir défendu les pauvres ; bref, les hommes et les femmes qui possèdent richesses et pouvoir sont humains, comme le sont les femmes et les hommes qui n’ont rien d’autre que leur digne rage.

Avec tout ça, en haut, ils n’hésitent pas à demander et à exiger « qu’on dise non à la violence, d’où qu’elle vienne ». « D’où qu’elle vienne », oui, mais en prenant bien soin d’insister lourdement sur la violence qui vient d’en bas.

Selon eux, tous et toutes doivent vivre en harmonie afin de résoudre leurs différences et leurs contradictions et pouvoir crier le slogan « Le peuple armé aussi est exploité », en parlant des soldats et des policiers, s’entend.

Notre position en tant que zapatistes est claire : nous ne soutenons pas le pacifisme brandi comme un étendard pour que ce soit quelqu’un d’autre qui tende la joue, pas plus que nous ne voulons d’une violence encouragée quand ce sont les autres qui fournissent les morts.

Nous sommes ce que nous sommes, avec tout ce qu’il y a de bon et de mauvais en nous et qui constitue notre responsabilité.

Il serait cependant naïf de penser que tout ce que nous avons réussi à faire de bon, y compris le privilège de pouvoir vous écouter et apprendre de vous, aurait été possible sans une décennie entière de préparation pour que voie le jour notre 1er Janvier comme il l’a fait il y a maintenant quinze ans.

Ce n’est ni avec une manifestation ni avec un manifeste des soussignés que nous nous sommes fait connaître. C’est avec une armée en armes, avec des combats contre les forces fédérales mexicaines et avec une résistance armée que nous nous sommes fait connaître au monde.

Nos compañeros et compañeras tués, morts ou disparus, l’ont été dans une guerre violente qui n’a pas commencé il y a quinze ans mais il y a cinq cents ans, deux cents ans, cent ans.

Je ne suis pas en train de faire l’apologie de la violence, je signale un fait vérifiable : en guerre vous nous avez connus, en guerre nous nous sommes maintenus ces quinze dernières années, en guerre nous continuerons jusqu’à ce que cette petit partie du monde appelée le Mexique prenne en main son destin, sans pièges, sans supplantations, sans simulacres.

Le Pouvoir a dans la violence un instrument pour assurer sa domination, mais il en a d’autres dans l’art et la culture, dans la connaissance, dans l’information, dans le système assurant la justice, dans l’éducation, dans la politique institutionnelle et, bien entendu, dans l’économie.

Toute lutte, tout mouvement, dans le cadre de sa propre géographie et de son propre calendrier, doit recourir à diverses manières de lutter. La violence n’est pas la seule et probablement pas la meilleure, mais c’est l’une d’entre elles. Affronter le canon de fusils avec des fleurs est un beau geste, à tel point que des clichés photographiques sont là pour le graver dans la postérité. Mais il est parfois nécessaire de faire que ces fusils changent de direction et soient pointés vers l’en haut.

L’accusateur et l’accusé.

On nous accuse de beaucoup de choses. Nous sommes probablement coupables de certaines d’entre elles, mais pour l’heure je voudrais m’arrêter sur une de ces choses.

Nous n’avons pas remis l’horloge du temps à l’heure de ce 1er janvier-là, pas plus que nous n’en avons fait une fête nostalgique célébrant une défaite, comme l’ont fait avec 1968 certains et certaines appartenant à la génération concernée dans le monde entier, comme on l’a fait au Mexique avec 1988 et même, aujourd’hui, avec 2006. Je reviendrais par la suite sur ce culte maladif des calendriers truqués.

Nous n’avons pas non plus reconstruit l’histoire en signalant que nous sommes ou que nous avons été les seuls ou les meilleurs ou les deux à la fois (ce que fait cette hystérie collective qu’est le mouvement « lopezobradoriste », mais je reviendrai aussi là-dessus).

Il y a eu et il y a des gens qui nous critiquent pour ne pas être passés à la realpolitik en profitant de ce que nos actions en politique, c’est-à-dire notre taux d’audience médiatique, garantissait un bon prix pour notre dignité sur le marché des options électorales (et non politiques).

Concrètement, ces gens-là nous accusent de ne pas avoir succombé à la séduction du pouvoir, cette même séduction qui a fait que des gens de gauche très brillants disent et fassent certaines choses qui feraient honte à n’importe qui.

Ils nous accusent aussi de « déviance ultra » ou de « radicalisme » parce que dans la Sixième Déclaration nous nommons le système capitaliste comme cause des principaux maux dont souffre l’humanité. Ils n’insistent plus trop là-dessus aujourd’hui, parce que même les porte-parole du capital financier de Wall Street le disent.

Au fait, maintenant que tout le monde parle et rabâche sur la crise mondiale, on devrait peut-être se rappeler qu’il y a treize ans, en 1996, elle avait été annoncée par un scarabée digne et enragé. En effet, Don Durito de La Lacandona, dans l’exposé le plus bref qu’il m’ait été donné d’écouter dans ma courte vie, disait : « Le problème avec la globalisation, c’est qu’au bout d’un moment les globes éclatent. »

Ils nous accusent de ne pas nous restreindre à la survie qu’au prix de sacrifices et avec l’aide de ceux d’en bas dans les recoins de cette planète nous avons construite sur ces terres indiennes et de ne pas nous enfermer dans ce que les esprits lucides (c’est le nom qu’ils se donnent) appellent « le laboratoire zapatiste » ou « la commune de La Lacandone ».

Ils nous accusent d’être sortis, plus d’une fois, pour affronter le Pouvoir et rechercher d’autres femmes, d’autres hommes, vous autres, qui s’y affrontent sans fausses consolations ou conformismes.

Ils nous accusent d’avoir survécu.

Non, ils ne parlent pas de notre résistance qui nous permet de dire, quinze ans plus tard, que nous poursuivons notre lutte, et non pas seulement que nous sommes toujours en vie.

Ce qui les dérange, c’est que nous ayons survécu en tant qu’autre référence de lutte, de réflexion critique, d’éthique politique.

Ils nous accusent, qui l’eût cru, de ne pas nous être rendus, de ne pas nous être vendus, de ne pas avoir dévié en chemin.

Ils nous accusent, en somme, d’être des zapatistes de l’Armée zapatiste de libération nationale.

Aujourd’hui, cinq cent quinze ans plus tard, deux cents ans plus tard, cent ans plus tard, vingt-cinq ans plus tard, quinze ans plus tard, cinq ans plus tard, trois ans plus tard, nous disons : nous sommes coupables.

Et, attendu que c’est la manière des néozapatistes, non seulement nous l’avouons, mais nous le célébrons.

Nous n’imaginions pas que cela aurait pu faire mal aux gencives à certains qui là-haut simulent le progressisme ou revêtent les habits d’une gauche d’un jaune délavé ou sans couleur, mais nous le dirons :

L’EZLN vit, vive l’EZLN !

Merci beaucoup. 




Sous-commandant insurgé Marcos,
Mexique, 
le 2 janvier 2009"









La Bolchevita vaincra !!! Cinq heures (il sera toujours, bâtard !!!)










(Hommage au Dadu pour la zik, à la montréalaise pour la radio, à Marcos, à la joie, aux grec-que-s pour la Grèce, à ton étoile...)

mercredi, janvier 14, 2009

Montreuil au matin (c'est bien...)











Oui, oui, c'est mon côté arc-en-ciel, petites fleurs et bisounours qui ressort. N'empêche, quand t'as ça quand tu te réveilles, ben c'est plutôt pas mal. Na.






"Particule
Dans le soleil d'hiver
Je voudrais partir"

Sôma Senshi







La chanson qui va bien : Francesca Solleville, Même l'hiver

vendredi, janvier 09, 2009

Des fois, c'est vraiment à se demander s'ils le font pas exprès...

Un lien, pour une fois, juste un lien.

Mais quel lien. Un chef d'oeuvre.

Franchement, ça dépasse tout ce que j'avais pu imaginer jusque là...

On pourrait au début croire à un détournement grolandais ou situ, mais non, c'est que c'est du sérieux, des voeux.

En l'occurrence, ceux de la préfecture de police (de Paris, donc) pour 2009. Même pas l'excuse que ce soit une perle retrouvée vingt ans plus tard.

Non, non, c'est tout frais, ça vient de sortir, et c'est là :


Cale-toi bien dans ton fauteuil, sers-toi une vodka glacée, mets ta ceinture, et regarde autant que tu veux...











Et pourquoi çui-là il est pas dans le clip ??? (1)












(1) : merci à celui qu'a arrêté son site de tofs pour la tof...

mercredi, janvier 07, 2009

Lettre à (...), somewhere in Greece...

Cher-e-s ami-e-s,




Le froid sur Paris et sa banlieue ne fait pas oublier les quelques nuits de chaleur passées à vos côtés.

Un mois après, ne toujours pas savoir comment vous remercier. Vous remercier pour l’hospitalité, les restes de salade d’olive au matin, les traducteurs qui se proposent naturellement, les discussions du soir et (...). Vous remercier pour nos sourires. Nos doutes et notre confiance retrouvée.

Les bruits d’Athènes ce soir à la maison (1). Quatre heures de service public où la radio sait encore informer, évoquer, ne pas dire. Les slogans refont bander les poils de nos bras, les bruits nous maintiennent en alerte ; et la beauté de votre langue. Flics, gros porcs, assassins. Ces jours et ces nuits appartiennent à Alexis. Kouyias, ce n’est que justice que tu meures par ricochet.

Flics, gros porcs, assassins. Ces jours et ces nuits nous ont aussi un peu appartenu ainsi qu’à tou-te-s ceux-elles épris-es de cette idée de liberté. Il serait juste que d’autres que Kouyias meurent par ricochet.

Cette après-midi, on buvait le champagne à la maison avec (...). Mais là n’est pas la question. Avec ce gars de vingt ans, riche de peu de culture politique, nous parlions de vous. Nous parlions de ces jours de rage, de vos mots et de vos actes de soutien en novembre 2005. « Ce que propose ce monde doit être détruit » disaient Les Racailles athéniennes. « Et c’est bien le moins qu’on puisse faire ».

On causait des groupes super organisés, des pointeurs laser pour cibler les keufs, des habitants ouvrant leur porte aux émeutiers. De la guerre de rue.

Ses yeux brillaient, (...). Je ne sais si c’était le rêve de ces jours, le champagne qui monte, ou le simple fait de parler de ça dans la maison de (...). Mais ses yeux brillaient comme les miens hier au téléphone quand vous me disiez être en route vers (...) pour un « réveillon festif ».

Nous savons bien que rien ne s’est vraiment arrêté en Grèce, que rien ne s’arrêtera jamais nulle part, que de toute façon, rien ne sera jamais comme avant, que la vieille Europe croule vers son précipice. Que le murmure gronde, sourd et menaçant, de partout. Que nous en sommes. Que la menace rôde et la vengeance s’apprête.

(...)

Contre des flics qui tuent, des matons qui humilient, des banquiers qui profitent, contre des lâches qui se taisent.

D’Athènes aux prisons françaises, un monde vermoulu feint de trouver des solutions.

Concrètes.

Pragmatiques.

Nous sommes de plus en plus à savoir qu’il n’y a pas plus de problème que de solution.

Juste une forme de vérité.

Que nous sommes prêt-e-s, dans l’ombre de la nuit ou de (...), à révéler au grand jour.

Enfin.







A bien vite,

Bien à vous.




Ubi





PJ dans le colis :

- un bonnet phrygien
- une bouteille de Côtes du Jura, (du vin de Paille tant qu'à faire)
- le vinyle du nouveau Darc (qu'on écoute en dessous)
- (...)
- et d'autres jolies choses







(1) : Là-bas si j’y suis, Daniel Mermet, quatre épisodes téléchargeables par là...




Daniel Darc, Environ

vendredi, janvier 02, 2009

2009, année de la teuf...




Tremblez, bourgeois, le peuple rôde...