dimanche, mars 30, 2008

Nanterre (pas mes gosses !)











Ce samedi à Nanterre, y avait l'expo d'un atelier photo fait par des gosses du quartier.

Ce samedi à Nanterre, y a un gosse de 23 ans qui s'est pendu à la maison d'arrêt.











Jean Sébastien Bach - le dernier choral de la Passion selon Jean

jeudi, mars 27, 2008

Entre ici, Tom Morel ! (du lyrisme comparé)





"Deux jours après sa déculottée aux municipales, le mardi 18, Sarkozy était au plateau des Glières, haut lieu de la Résistance. Il s'agissait de retrouver une vraie "stature" et de "faire président" dans un site dont il entend faire sa Roche de Solutré.

A 11 h 30, après avoir salué le drapeau, passé les troupes en revue, prononcé une brève allocution et s'être recueilli devant la tombe de Tom Morel, le chef du maquis, il reste quelques minutes dans le cimetière, à deux pas des tombes alignées des 105 maquisards tués au combat, et devise avec une vingtaine d'anciens résistants, pour la plupart réquisitionnés en catastrophe cinq jours avant, par pli présidentiel apporté par deux motards de la gendarmerie. Et là, dans l'enceinte du cimetière, chassez le bling-bling, il revient au galop, le voilà qui se met à plaisanter, à parler de Carla, et de lui, encore de lui...

A un ancien résisatnt qui lui fait remarquer la présence de deux républicains espagnols : "En plus, je défends les Espagnols, mais les Italiens ne sont pas mal non plus. Maintenant que je suis marié à une Italienne !" Et de se marrer... Un temps. "Ils sont beaux, tous ces chasseurs alpins..." Le général Bachelet, président de l'Association des Glières, lui montre un point élevé dans la montagne : "Nous nous sommes refusés à laisser des résistants tombés dans une embuscade enterrés dans une fosse commune... Nous les avons ramenés ici dans le cimetière." Sarkozy, ne faisant même pas semblant d'écouter, le doigt pointé vers une hauteur : "C'est quoi la cascade ? C'est magnifique... Ecoutez, je vous aime beaucoup." A une dame de l'assistance : "Ce rose vous va très bien. Je n'en tire aucune conclusion politique (hilare)."

Un des anciens résistants trouve qu'il va trop loin et l'apostrophe : "Président, faut calmer, faut calmer !" Lui n'entend rien : "Ben oui, faut bien s'amuser un petit peu." Surtout dans les cimetières.

Un autre lui offre un livre qu'il a écrit. Sarkozy le remercie puis : "C'est bien, comme ça je pourrai dire que j'ai un copain FTP (rires). Et vous direz j'ai un copain président de la République."

Pour endosser le costume de vrai président, y a encore du boulot... Le bling-bling fait de la résistance."


Jean-Luc Porquet, le Canard Enchaîné n°4561







"Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu’à l’Amérique latine, depuis la Grèce et l’Iran jusqu’aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l’une de ses voix, puisqu’elle avait retrouvé la voix de la mort.

L’histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n’étaient pas nés alors — et depuis, combien de millions d’enfants ! — sachent qu’elle n’est pas d’abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l’entendirent sur les ondes brouillées, c’est qu’ils y retrouvèrent l’un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang.

Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l’inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci : « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi. »

Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu’à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu’ils ont été vos témoins.

On ne sait plus guère, aujourd’hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu ; presque inaccessible, et c’est pourquoi les maquis l’avaient choisi.

Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison — peu importe : la France ne choisit pas entre ses morts ! — avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l’armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : « Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. » La Haute-Savoie, c’était les Glières.

(...)

Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l’Ebre, du nom de cette dernière bataille. Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l’un des nôtres. La fermière dont le fils n’est pas revenu.

Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu’elles risquaient la leur. Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l’ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles. Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger ; nous n’en avions pas beaucoup. Comme depuis des siècles.

Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d’extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs. Jeanne d’Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l’ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück. Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d’en bas, c’est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils chuchotent seulement qu’ils vous aiment bien.

Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu’elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu’elle entend les oiseaux sur l’agonie des combattants de la forêt ; ils chantaient sur les corps des soldats de l’an II. Il y a longtemps qu’elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l’hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s’effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu’avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu’ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l’éternité."


Discours prononcé par André Malraux le 2 septembre 1973 à l’occasion de l’inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Émile Gilioli sur le Plateau des Glières.

lundi, mars 24, 2008

banlieues rouges

Les giboulées de mars coïncident avec le printemps. Journée à penser au concert du soir, entre le ciel bleu et les averses de grêle, à siffloter du Leprest et celle qu'on ira voir, entre des rencards avec des gosses nanterriens qui ne viendront jamais et des imprévus qui débarquent et demandent si jamais, par hasard, juste comme ça, on pourrait pas lui filer une fiche de paie et un chèque juste pour montrer au juge demain, mais que rassure-toi, Ubi, le chèque il sera jamais encaissé...

Ivry, plus tard. Ca sent la banlieue sud, la laide, à la limite du sordide, se perdre entre les voies de chemin de fer en contrebas et la maison de repos médicalisé. Au loin, les cancéreux de Villejuif toussotent. L'impression d'être à Charleville-Mézières un soir de décembre.

La salle du forum Léo Ferré, tables carrées, nappes à la limite du Cochonou, affiches dédicassées par les gueules incroyables de ceux-elles qui sont venu-e-s chanter là. Les gueules tout aussi incroyables de ceux-elles qui sont venu-e-s écouter ce soir. Ca bouffe gras, ça picole du gros rouge, forcément. La jolie promiscuité t'oblige à tchatcher avec les voisins de table, un beau couple de vieux qui chantent du Dimey et vont aller voir les Têtes Raides d'ici deux semaines. Des vieux de soixante berges que les illusions et quelques chansons font encore tenir. On trinque et les rouges nous unissent. Des vieux tels que je voudrais être, plus tard. On refait le plein de rouge.

Ivry la laide, Ivry d'Artaud, Ivry la rouge qui se révèle et s'effeuille peu à peu, comme une vieille dame sûre de ses charmes. La Solleville arrive, voix éraillée, tout aussi vieille, sûre de son charme et même pas besoin de s'effeuiller. Le concert tient du miracle ; deux heures de grâce absolue.





Francesca Solleville - Chanson de Leïla


Fin du concert et la Francesca, belle et touchante, tchatchouille avec tout le monde. Je vais lui offrir mon bisou et mes remerciements. On parle du camarade Leprest qui se produira ici dans moins d'un mois alors que je serai sans doute avec des mômes au fin fond de l'Auvergne, la Solleville complimente ma toute belle ; sous la pluie et le vent, la nuit banlieusarde est si douce.

On touche au bord du XIIIème. Les tours des Olympiades derrière le périph', putain que la banlieue est belle, fugitive impression de pouvoir être à New-York, la pluie ruisselle sur les couloirs de bus, je pense à cette chanson de Pigalle que je mettrai sûrement en bande-son du texte que je suis déjà en train d'écrire. On foire avec application le premier bus qui part pour les dernières clopes et les dernières photos.





Départ pour Montreuil dans sept minutes. La Francesca chante encore doucement dans nos mémoires, des rires dans le fond du bus ; la fumée des usines, les voies de chemin de fer et la Grosse Ville défilent à la fenêtre.













Pigalle - En bas en haut

mercredi, mars 19, 2008

surtout, penser à faire les commissions !

Congrès fondateur le 18 mars 2008 de la "Commission apolitique et sudoku" à l'occasion d'une réunion publique traitant des "nouvelles technologies de police".


- La Commission s'engage à ce que toutes ses communications passées, présentes et à venir soient strictement apolitiques afin de ne pas choquer les éventuel-le-s lecteurs-rices et de les rallier à sa cause. Pour ce faire, La Commission exclut de ses tracts les mots tels que : "dialectique, libéralisme, capitalisme, communisme, anarchie" ; le débat ne saurait être contradictoire et véhément dans un monde pacifié tel que nous l'espérons.

- La Commision condamne fermement les propos de la Confédération Générale du Travail, laquelle osait écrire dès 1906 : "La CGT groupe, en dehors de toute école politique, les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat." La Commission considère en effet que le véritable apolitisme est non-violent.

- La Commission s'engage à ce que toutes ses communications passées, présentes et à venir soient porteuses d'une grille de sudoku afin "d'accrocher" lesdit-e-s lecteurs-rices. Elle s'engage en outre à ce que les solutions des sudoku apparaissent dans une prochaine communication.

- La Commission décrète que la tendance minoritaire old school à la solde de quelques violents nervis passéistes "des mots croisés plutôt que des sudoku" est illégitime.

- La Commission se réjouit d'avoir oublié de célébrer le 137ème anniversaire de la naissance de la "Commune de Paris" quand quelques exalté-e-s du bas-peuple parisien refusèrent de rendre les canons de M. Thiers.

- La Commission n'a aucun avis à émettre sur l'élection d'une bande de mangeurs de tofu bio à la tête de la mairie de Montreuil. Elle avalise seulement le fait que ça changera des carottes et des radis incendiaires ardemment recherchés par leurs prédecesseurs.

- La Commission se réclame d'une écrasante majorité non nuisible.



Mettez les chiffres, lettres, gribouillages que vous voulez. Bonne chance camarade (mot interdit désolé).





















Motion votée à l'unanimité plus deux chaussettes,
Paris, Perpignan, ailleurs,
18 mars 2008







Scums - Quelqu'un m'a dit

lundi, mars 17, 2008

Les sanglots de l'espoir crevant d'Andalousie

La suite de par là...



On avait galéré, avec trois autres éducs, pour dégoter au S. un "séjour de rupture" plutôt que la réalité de trois ans de cabane. Encore un des rares bénéfices de l'ordonnance de 1945 (1) qui ne va pas tarder à être peau-de-chagrinisée par Casse-toi pauv' con et sa clique.

Donc le S. va partir marcher avec un accompagnateur quatre mois entre le Pays Basque et Séville plutôt que de croupir en zonzon. Et on espère furieusement qu'il se prendra une bonne grosse baffe dans la gueule et qu'il va se mettre un peu à méditer. Le premier truc que S. a claqué à l'éduc judiciaire qui lui a appris la nouvelle, c'est qu'il avait mal au genou et que ça allait pas être possible de marcher 25 bornes par jour. Avant d'éclater de tout son rire de gosse de 17 ans.

Sûr que j'espérais sa lettre de Bois d'Arcy. Je m'attendais juste à ce qu'il me donne son numéro d'écrou et une demande officielle pour que j'aille le visiter. Pas à chialer comme un con d'émotion à 10 heures du mat' en arrivant au taf :


"Wesh, Ubi, bien ou bien ? Moi ça va je vais bien. Tout se passe bien pour moi ici. Je connais du monde vu qu'ils étaient avec moi pour ma première peine. Mais je suis comme même dégoûté d'être ici, j'aurais préféré être à Nanterre, parce que ma mère ne pourra pas venir, c'est trop loin pour elle. J'ai fait une demande de rapprochement familial à la juge, j'espère qu'elle va accepter (2). Mon éducatrice de prison M. m'a passé votre adresse, ça fait longtemps que je la cherché. Déjà je voulais te remercier toi, G., A. et les autres pour tout ce que vous avez fait pour moi, c'est vraiment gentil de votre part. M. m'a dit que vous allez sûrement venir, j'espère que vous viendrez vite. Bon je te laisse et à très bientôt.

[suit le numéro d'écrou]

S.

Passe le bonjour à tous les mecs de la cité S.T.P."


Trois jours à trouver le ton juste pour lui répondre. Garder cette juste pseudo-distance alors que ses mots me bouleversent ; plonger dans l'humain à plein coeur et ne pas tant le montrer que ça, écrire sur une lettre à en-tête de l'assoce, la montrer à mon cher directeur pour qu'il contresigne et foute le tampon officiel, putain de pages déchirées avant que, enfin...


"Cher S,

Il est parfois difficile de faire la différence entre l'éducateur professionnel et l'homme qui se cache derrière celui-ci. L'éducateur pensait recevoir une simple lettre de demande de visite, l'homme que je suis a été sincèrement touché et ému par tes mots.

Je relisais Montaigne, juste après avoir lu ta lettre. "A ceux qui me demandent la raison de mes voyages, je réponds que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche." L'éducateur aimerait bien que tu cherches un sens dans ce séjour de rupture, l'homme croit savoir que tu cherches plutôt à fuir la prison et ta cellule.

Prends ce voyage comme une chance, cher S. Prends ce temps pour toi ; prends ces quatre mois d'air pur, de difficultés et de liberté pour chercher, chercher et chercher encore ce que tu veux pour toi. Et rien que pour toi.

Raconte-nous les moments de doute, la souffrance de tes pas dans les chemins de terre, le froid et la pluie, les étoiles la nuit, le chant des oiseaux à ton réveil, raconte-nous l'odeur des orangers sur Séville et le Guadalquivir, les sources où tu auras bu, les fleurs dans les cheveux des filles d'Andalousie, rapporte-nous tes crises de nerfs et tes émerveillements, pas à pas.

Et qu'à ton retour, à ceux qui demanderont la raison de ton voyage, tu puisses répondre, non pour ce que tu as fui, mais pour ce que tu auras trouvé.

Bien à toi,

Ubi"


Les ami-e-s, l'amour, les collègues qui sont touché-e-s et qui trouvent que les mots sont justes et tapent dans une certaine forme de vérité ; les mots, lapidaires, du directeur sur la boîte mail :


"Ubi,

Il ne s'agit pas de lui adresser une lettre d'amour mais lui signifier que tu as bien enregistré sa demande d'aide. Aussi faut-il que tu gardes une certaine distance et ne pas s'épancher plus qu'il ne faut sur la situation du jeune. J'atends un nouveau un nouveau projet rédactionnel de ta part.

L."


Il peut toujours attendre, le boss. Ca sera ça ou rien, à la virgule près. Parce qu'un môme est en tôle est que c'est suffisamment insupportable comme ça. Rien à foutre que ça parte sur papier à en-tête. Je l'enverrai cette putain de lettre, dussé-je être viré. Parce qu'elle est juste. Parce qu'elle est vraie. Parce que le flamenco et les fontaines andalouses et l'espoir. Parce que nos vies de sales humains en dépendent.








Brigitte Fontaine - Guadalquivir







(1) : L'ordonnace de 1945 reconnait pour tous les mineurs la prépondérance des mesures éducatives sur les mesures répressives, considérant qu'un enfant doit être protégé et accompagné plutôt qu'enfermé.

(2) : Lettre écrite par S. avant qu'il n'apprenne qu'un séjour de rupture était possible.

dimanche, mars 16, 2008

jeudi, mars 13, 2008

un tout petit malheur

Bien sûr il y eut le magique concert du camarade Leprest hier soir, bouffi d'émotion, voix qui semble venir des ténèbres et des métastatses, casquette pour masquer la chimio, verres de vin qui s'accumulent sur la table où, accoudé et fatigué, il attend que les autres poussent ses chansonnettes. Le temps de finir la bouteille...

Bien sûr il y a la mort de Lazare Ponticelli, l'hommage national qui se prépare, la dernière sordide récupération et l'affront fait à tous ceux qui... La prophétie de Céline rejoint celle de Montaigne : "Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent Ans ?... Avez-vous jamais cherché à en connaître un seul de ces noms ?... Non, n'est-ce pas... Vous n'avez jamais cherché ? Ils vous sont aussi anonymes indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce presse-papier devant nous, que votre crotte du matin...". "De tant de milliasses de vaillants hommes qui sont morts depuis quinze cents ans en France, les armes à la main, il n'y en a pas cent qui soient venus à notre connaissance. La mémoire non des chefs seulement, mais des batailles est ensevelie".

Bien sûr il y a toujours l'horreur de la répression judiciaire sur le quartier.

Mais y a surtout le truc à la con qui m'a plombé ma journée d'hier. L'autre jour, je reçois une lettre de la Véro, live from Roma, Italia, avec un joli CD inside. Et deux chansons qui donnent envie de tomber amoureux, si besoin était. Deux trucs frais et sucrés comme un matin d'Italie au printemps, deux trucs qui te donnent illico envie de monter sur un Vespa les cheveux in il viento pour faire le tour de la Ville Éternelle, deux trucs pour boire du blanc bien sec sur une terrasse du Trastevere, deux trucs dégoulinants du rêve de l'italian way of life.

À Nanterre (pas mes rêves !), sifflotant le souvenir de "si è spento il sole" sous une giboulée de mars, le coeur tendu vers des draps froissés montreuillois, je passe devant la Maison de la musique. Je mate vaguement le programme des concerts à venir. Vinicio Capossela, naaaaan, pas possible, l'hallu...

C'était le 22 février.

Définitivement dégoûté. Et je doute quelque peu que le zozo revienne faire un tour dans mes parages de sitôt.

Dis Véro, t'aurais pas pu m'envoyer le CD avant ?

Le regret s'abat dans une averse de grêle. Dans cinq minutes, il fera beau.


















Vinicio Capossela - Si è spento il sole



Vinicio Capossela - Che coss'è l'amore

samedi, mars 08, 2008

A day in the life...

J'avais cru naïvement que ce serait, comme tous les ans, la journée de la Femme ; il s'est avéré que ce fut banalement, comme tous les jours, l'année de la police.



Welcome back in Parigi.

Rassemblement un peu pourrave à Répu, même pas deux cents à balancer quelques slogans rigolos contre les fachos et les machos qui nous cassent le clito.

Passage par la rue Saint Denis un samedi après-midi de vacances à 16 heures, le tecktonik crew n'en croit pas ses crêtes et ses mèches blondes de voir des putes et des trans encore-plus-volontairement-ringard que lui.

Arrivée à la fontaine des Innocents. Dans la foule bigarrée des Halles (jeunes à casquettes, militant-e-s féministes, sans papiers, simples passant-e-s...) doit pas plus y avoir d'innocents aux yeux de nos chers gouvernants que dans les rangs de la police nationale au soir du 17 octobre 1961.

On sort la boutanche de rouge pour l'occase. Le gros rouge, celui qui tache bien, qui attaque sûrement l'oesophage avant de ruiner le bide quand il tombe en faisant pschhhhhh sur l'estomac.



La police nationale de France, donc, puisqu'on en parle. A peine un début de baston explicative qu'une trentaine de fonctionnaires cernent la place. "Si la police demande à ce qu'il y ait un périmètre de sécurité, c'est qu'il y a une bonne raison, monsieur...". Si la police rafle des sans-papiers, c'est qu'il doit y avoir des bonnes raisons aussi. Si la police n'est pas intervenue quand deux gosses se sont planqués dans un transfo aussi. Si la police a balancé des étoiles jaunes dans des camps aussi.

Ils sont sur les dents, les fonctionnaires de la police nationale de France ; ça se sent. Peut-être le jour, l'heure, le monde, le lieu, peut-être parce qu'on sent que ça peut déraper à tout moment. Peut-être un symbole de la guerre civile en cours.

Quelques minutes plus tard, ras-le-cul du rassemblement féministe, d'Arlette qui fait sa belle et de l'UNEF qui est bien la pire pute de la manif. On bouge à six et avec un boutchou de 3 ans, la bouteille de rouge finit de tourner, des skaters se font contrôler par une escouade de la police nationale de France. Sans doute des terroristes en puissance qui planquent des molotovs dans les essieux de leur planche à roulette. On hallucine, le Thib' sort l'appareil photo pour immortaliser la gueule goguenarde du japonais à lunettes de soleil hallucinant au milieu de quatre zélés fonctionnaires.

Les rires comme seule arme face au dérisoire et à la vacuité. Les quatre zélés fonctionnaires, à tour de rôle, nous matent d'un oeil torve pendant le contrôle d'identité.

Puis,
lentement,
l'air décidé et supérieur,
condescendant,
s'approchent :

"Monsieur, vous buvez quoi ?...
De l'alcool ?...
Du vin ?...
Consommation d'alcool en réunion...
Convocation au tribunal et 150 euros d'amende...
Nooooooon z'avez pas le droit de boire sur la place publique...
Oui en réunion, z'êtes plusieurs...
Mais bon, on est gentils, on vous fait une fleur...
Allez, jetez cette bouteille tout de suite...
Oui on sait qu'elle est vide mais on vous fait une fleur..."

C'est pas que j'ignorais complétement qu'on avait même plus le droit de picoler dehors avec des potes-se-s dans ce beau pays de France, c'est surtout que je savais pas que les keufs avaient des actions chez Interflora*.

Le Japonais avec son skate devait autant se marrer et être atterré en nous matant aux prises avec quatre zélés fonctionnaires de la police nationale de France que lorsqu'on le soutenait du regard, de l'appareil photo et de la boutanche.

Le Truman Show, en live. Tirez le rideau, sortez les caméras bordel, montrez-nous Marcel Béliveau qu'on fasse style ah ah ah vous nous avez bien eu...

Et le Nico, prémonitoire, qui disait en les voyant s'approcher :"Si ça se trouve j'ai même pas le droit de porter mon fils sur mes épaules".

Une journée banale.

Banale d'abus de pouvoir et de rage qui monte.

On se pose boire la dernière bière en réunion à la terrasse d'un troquet. Les rires encore mâtinés d'incompréhension et de révolte. La journée de la Femme semble bien loin. La vessie commence à accuser le rouge bu illégalement et le houblon. Descendre aux chiottes, et se rappeler que le 8 mars...



"Applé nous". Appelez le 17 aussi, au cas où. On sait jamais...










Jean Leloup - 1990
(ça nous rajeunit pas les z'aminches...)







* : copyleft celle qui ne m'en fait pas assez, peut-être....

(et thanks au Thib' pour la première tof)

vendredi, mars 07, 2008

interruption momentanée des services ?




"Viens.
Il faut qu'on parle de notre amour.
On va trouver les mots pour ça.
Il n'y aurait pas de mots peut-être."

Marguerite Duras,
C'est tout.











Wampas - Ne dis pas aux copains

mardi, mars 04, 2008

mes z'ami-e-s, mes z'amours, mes z'emmerdes...

Oh yeah oh yeah, qu'on se le dise, oyez, oyez, l'ami Jérèm' est de retour sur le ouorld ouide ouèbe !!!





Son merveilleux et chatoyant site, après quelques mois de boulot, est enfin à nouveau accessible.

Pour l'instant, le Mali, up to come, i presume, le CPE, l'Asie du Sud-Est, les présidentielles et d'autres joyeusetés photographico-phonographiques (nickel la playlist en random).







Kino - the Knife
(d' la bonne miouzik de nerd et de teuf)

lundi, mars 03, 2008

la Liberté ou la Mort !

"C'est entendre à nouveau, dans la voix de nos gouvernants, le léger tremblement de terreur qui ne les quitte jamais. Car gouverner n'a jamais été autre chose que repousser par mille subterfuges le moment où la foule vous pendra..."

Comité invisible,
l'Insurrection qui vient, 2007





"Convention Nationale

Opinion du Citoyen Gaston,
député du département de l'Ariège,

Sur le procès du dernier roi des Français,

Imprimée par ordre de la Convention.


- Faut-il juger le tyran Louis XVI ?
- Non, car il est évident qu'il est jugé.

- A quelle peine est-il condamné ?
- La raison, l'humanité, la justice, la loi, le ciel & la terre le condamnent à mort.

- Les Représentants du peuple Français doivent-ils ordonner l'exécution du supplice ?
- Oui, le plus tôt sera le mieux.

- Si d'autres tyrans voulaient monter sur le trône, ou s'en partager les débris, que doivent faire de vrais républicains ?
- Les exterminer, ou mourir."

De l'Imprimerie Nationale,
1792



"Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre."


Vive la Révolution ! Vive la République ! Vive la France !















Arolde - Tremblez