mercredi, novembre 28, 2007

ubi tumultum facimus, vitam appello, vol. IV

des mots, ici, ailleurs, autre part, en passant...

















(OST : NTM - On est encore est là)

lundi, novembre 26, 2007

comment dire...

à Moushin & Larami.




Y a des mots qui sont parfois bien durs à sortir, des parallèles évidents et pourtant des enchaînements d'idées qui ne se font pas, peut-être la faute au vin chaud qui embaume l'appart' et monte à la tête, sans doute parce que je suis trop dedans depuis deux semaines, à coup sûr parce qu'il n'y a pas de lien, alors que tout est si évident...

Ca se voulait au départ un texte hommage à la Commune de Peter Watkins que je viens enfin de voir (en deux jours, version DVD complète, 5 heures 45...), et blam la réalité qui me rattrape alors que je mets sur pause hier soir et vérifie Indymedia par principe.

Deux gosses de plus.

Combien de mort-e-s ?

Deux gosses de plus, du fait d'un accident de mini-moto percutant un véhicule de la police nationale de France. Ou l'inverse. Va pas falloir compter sur l'IGS pour faire la lumière. Un quartier qui commence à cramer.

A ce moment du film, c'est la joie des premiers jours suivant le 18 mars 1871. L'ivresse des crosses en l'air, l'ivresse du vin et de l'amour, et de l'espoir. Les chants, les débats, la vie. Et la danse sans laquelle aucune révolution ne sera la mienne. Danse, bordel. Danse.

Le sourire me quitte, forcément.

Allers-retours entre le DVD et internet pour me tenir au courant. Je suis à plein dans ce que dénonce si brillament le Watkins au sujet des médias et de la communication.

J'apprends que toutes les brigades anti-criminalité d'Île de France, ainsi que dix compagnies de CRS et de gendarmes mobiles ont été envoyées sur place pour mater une centaine de gosses ivres de rage, de vengeance et de deuil.

La banlieue et la Commune s'entremêlent, ça tourneboule dans mon crâne, je rappuie sur play, le lendemain Nanterre, la fac et les gosses, mardi sans doute à Saint Denis, la sortie foirée sur Versailles, novembre 2005 et la banque de France qui ne sera jamais prise. Et une foutue demoiselle qui me chatouille les méninges et les tripes. Kill my imagination, kill my president, kill kill kill....

Les femmes s'organisent pour secourir les blessés, on ne sait pas encore combien de commissariats ont cramé, sourire à la réception d'un mail attendu, la Commune vient de décreter la république universelle, c'était fin nul à la fac aujourd'hui, allez les gosses foutez le raffût, il prend le temps le Watkins, des débats, des silences, de l'exaltation, du péremptoire, et du rêve, les affrontements semblent avoir repris cette nuit à Villiers-le-Bel et s'étendre -selon les rumeurs- de Sarcelles à Cergy, "la Révolution, c'est vouloir le bonheur", vouloir danser, bordel de merde...

Ne pas chercher à faire se rejoindre les parallèles. La semaine sanglante, des gosses qui meurent ; se dire que seuls la danse, la rage et l'amour nous sauveront.




(OST : Riton la manivelle - Elle n'est pas morte)

dimanche, novembre 25, 2007

le voyage en Grèce, last day, last night




L’au revoir aux copain-ine-s, forcément. Ouverture d’un centre social, deux cents anars ont fait le déplacement. Tristesse des séparations. Se revoir, bientôt, dès que ça chauffe, ici ou là. Ou même si ça chauffe pas, d’ailleurs. Juste pour la joie.



"Quand on transforme l'authentique jouissance en plaisir marchand, la destruction du système devient une oeuvre d'art."



Rideau.

samedi, novembre 24, 2007

dix ans (et une question)

24 novembre 2007, je me réveille avec FIP. "Du bout des lèvres". La journée s'annonce douce, belle, et froide.

Café.

Indymedia, comme d'hab'. Et cet article...





"Tout l'été de cette année s'est passé, dans la presse, dans le Monde, dans Libé, à tenter de définir l'identité française. On n'est pas sûr que les penseurs qui ont pensé pour nous aient réussi à y arriver. Le sujet était paraît-il d'actualité, il était aussi sans doute fortement conflictuel. La langue, la culture qui ossaturent supposément la chose sont sans doute pour quelque chose dans notre identité s'il y en a une. Mais bon ! ça fait peut-être un peu léger de se contenter de dire cela. Les cultures ne sont pas éternelles, on le sait, la langue elle-même est évolutive, et la langue est aussi largement concurrencée.

Une identité en deux mots est faite d'un présent-présent, d'un passé, pour autant qu'il est encore présent, elle est faite à coup sûr d'un futur également, car s'il y a dans l'identité du posé bien réel, il y a aussi du mythe, du rêve, de l'imaginaire, il y a de l'espérance, il y a des trous et du vide instauré. Etre français par exemple, c'est n'avoir pas de handicap franquiste, être français c'est avoir rejeté le pétainisme même si la France fut pétainiste dans les faits.

Dans l'identité, il y a du corps, des attitudes, du sentir et de la manière de penser, voyez si c'est simple ! Y a aussi des lieux communs, mais qui finissent par s'effacer. Y aussi des tas de trucs dans les tiroirs : Vieilles images, photos jaunies qui durent l'espace d'une grosse génération, probablement à peine plus.

Un ami africain, au bout d'une nuit bourrée définissait ainsi la francité : un ballon de côte du rhône, un oeuf dur à casser sur le zinc, une gauloise au bout des doigts : Ca se défend, est-ce que ça instaure pour autant une complète éternité ?

Ok encore pour le camembert, ok pour Descartes, ok pour le champagne, déjà ce n'est plus vrai pour la baguette et le béret basque.

Voyons d'autres détails encore, sont-ils plus probants !

Bien sûr ! qui, sans s'y attendre, n'a pas entendu, très loin, là-bas, à 13 000 kilomètres d'ici, un choeur chanter "A la claire fontaine", l'attrapant de dos, n'a pas subi l'épreuve vraie de son identité ! Les esprits forts diront : nostalgie perso sans plus !

Le Français, il est vrai, répétons-le n'a plus son béret basque, plus sa baguette sous le bras.

Ceux des péquins ordinaires, bourgeois petits et tellement tellement d'ouvriers, qui achetèrent Hugo en souscription de son vivant pensaient sans doute que le monde à eux étaient exactement fixé, le million qui l'accompagnèrent au tombeau le pensèrent plus encore. Le pensez-vous, le pensons-nous encore ?

Après le poète, il y eut les chanteurs et les lieux de l'identite : Bruant, Chevalier, Mistinguet, Tino, Piaf, Brel, Georges, etc. Montparnasse, Montmartre, Saint-Germain des près. Il y eut du ciné, des écrivains, etc., diverses célébrités de Raimu à Camus. Ces temps sont sans doute passés en même temps que passaient arrière-grands-parents, grands-parents, parents, et en même temps que nous passons un peu ou beaucoup nous-mêmes...

On ne sait plus en vérité ce que nous sommes exactement (on notera qu'on n'a pas dit, d'où venons-nous ? ou allons-nous ?).

Tiens je te pose une question.

Demain 24 c'est Barbara, dixième anniversaire de sa disparition, tu l'auras tout plein sur les ondes et tout plein sur les écrans. C'est quoi Barbara pour toi ? Une Oum Kalthoum à sa façon aussi vaste que la première, une deuxième Gréco ?"







  • Alain
  • merci pour le texte !

    vendredi, novembre 23, 2007

    ubi tumultum facimus, vitam appello, vol. III




    Spéciale kassdédi à ceux sans qui rien de tout cela ne serait possible :








    En somme, comme ils l'avaient annoncé lors de la manif du 20 novembre, au milieu des cheminots, des étudiants, et de tous les autres :





    (OST : Offspring - Why don't you get a job ?)

    mercredi, novembre 21, 2007

    le voyage en Grèce, vol. XII

    Réveil à 5 heures. Le froid de la nuit. Rassembler les affaires. Commencer à monter. Le litre et demi de Retsina tape encore dans le crâne et les jambes.

    La lumière, doucement, s’adoucit.

    L’aube, l’aurore ; et le miracle. Tous les matins du monde.




    Je m’enivre, bien autrement que la veille. Les oiseaux se mettent à chanter. Le centre du monde.




    Une source. « Retrouver le geste ancien de boire » disait en substance Guillevic je ne sais plus où.

    Sanctuaire d’Apollon. La chance de la solitude. Personne d’autres que des oiseaux, la lumière, et les traces des petits pieds enflés d’Œdipe. La Pythie m’attend.



    Moments de grâce, l’émotion me bouffe. Larmes.

    Le temple d’Apollon, se dire qu’il faut renoncer aux mots, aux images, à toute tentative de représentation. Je suis au monde, je suis ailleurs.





    Le vent et la lumière, la chaleur qui commence à monter au fil du soleil qui, peu à peu, éclaire les marches du théâtre. Je relis Sophocle. Un rossignol se met à chanter. Un rouge-gorge s’amuse. Au loin, les oliviers dans la brume et le ciel, bleu, si bleu.





    J’entends les premiers cars de touristes. Je peux redescendre, maintenant. Des cloches et des bêlements ; un berger sort ses chèvres dans la vallée.

    L’aube, l’aurore, tous les matins du monde.

    Le soleil se lèvera toujours sur Delphes.





    Musée archéologique de Delphes. Groupes scolaires qui hurlent et courent de partout. Groupes de vieux allemands en short. Le cauchemar à hauteur des heures de magie que je viens de vivre. L’omphalos et l’aurige, malgré tout. Mais putain que je suis heureux d’être arrivé si tôt au sanctuaire.




    Attente du bus qui me ramènera à Athènes. La sono d’un café pour touristes passe une soupe internationale du plus mauvais goût. Et d’un coup, l’éclat de rire intersidéral. Amel Bent qui se met à beugler « ma philosophie ». Ici, à Delphes. Cette abrutie d’Amel Bent qui ose parler de philosophie. Franchement. A Delphes. Tremble, Apollon, la France représente…

    « Je n'ai qu'une philosophie
    Être acceptée comme je suis
    Malgré tout ce qu'on me dit
    Je reste le poing levé
    Pour le meilleur comme le pire
    Je suis métisse mais pas martyre
    J'avance le coeur léger
    Mais toujours le poing levé

    Viser la Lune
    Ça me fait pas peur
    Même à l'usure
    J'y crois encore et en coeur
    Des sacrifices
    S'il le faut j'en ferai
    J'en ai déjà fait
    Mais toujours le poing levé »

    mardi, novembre 20, 2007

    interlude (avant la manif...)



    1er mai 1919, la presse serine avec la menace anarchisante et agite le spectre du vilain bolchevique au couteau entre les dents prêt à égorger le premier bourgeois qui descendrait sur le trottoir...

    La CGT (attention, la CGT de l'époque, hein, la vraie issue de l'AIT) appelle à une putain de démonstration de force pour fêter le jour des travailleurs et des travailleuses (qui travaillent pas beaucoup à l'époque, mais c'est une autre histoire).

    Et les ouvriers parisiens, ceux qui ont réussi à survivre à la tuerie de Quatorze, les fils de Communards exilés en Nouvelle Calédonie, décident de s'en payer une bonne tranche. De rire et de couteaux.






    (OST : Pigalle - un Petit paradis)

    lundi, novembre 19, 2007

    le voyage en Grèce, vol. XI

    Delphes, l’omphalos, le centre du monde, le sanctuaire d’Apollon. Un des rêves de toute une vie.

    Avoir attendu les derniers jours pour y aller, que l’envie soit plus forte que tout, alors que ça me ronge de l’intérieur depuis plus de dix jours. Delphes, putain. J’espère que la désillusion ne sera pas trop forte. Non, impossible. De toute façon, c’est le centre du monde et Apollon n’a pas choisi son coin par hasard.

    Trois heures de bus depuis la capitale. Gare routière, on se croirait à Lisbonne, à Naples, à Athènes, là où toutes ces vieilles et ces vieux avec leur canne partent pour Thèbes, Mycènes ou Dodone. Retrouver le village. Retrouver le passé.

    Les oliviers défilent derrière la vitre du bus, les vignes, des champs de coton aussi. J’aurais jamais cru que Koltès me poursuivrait autant. La route devient rigolote et grimpe de plus en plus. Le mont Parnasse trône au loin et se rapproche, le cœur commence à frétiller. Arachova, dernier village avant Delphes. Je souris comme un con. Le sanctuaire apparaît, en haut à droite, merde, je l’aurais cru plus grand que ça. En bas, le golfe d’Itéa et la vallée d’oliviers. Le bus stoppe dans le nouveau village. Je descends.

    Il est à peu près 16 heures et j’hésite sur la suite des événements. J’avais prévu de dormir parmi les oliviers et de me taper la visite demain matin, au lever du soleil. Mais là, y a vraiment une putain de lumière et ça peut valoir le coup, comme ça, je reprends le dernier bus pour Athènes à 20 heures. Le nombre de cars de touristes et les cris que j’entends de l’intérieur me mettent vite d’accord.

    Je salue le sanctuaire, lui donne rendez-vous à l’aube et prends le chemin des oliviers. J’en ai pour au moins trois heures de marche. Le soleil tombe doucement, la big bouteille de Retsina est dans le sac. Et en route pour la joie.

    Toujours cette lumière belle à pleurer. Il n’y a plus maintenant que Delphes, un temple au loin, des oiseaux, des oliviers, et le silence.



    Et puis une vieille qui sort d’on ne sait où, alors que je marche depuis une heure. Toute habillée de noir, ridée, flétrie, rabougrie. Digne et farouchement belle. J’hésite à allumer l’appareil photo, moment de doute, mais non, trop envie de vivre jusqu’au bout cette apparition. Sans la figer. Le bruit de sa canne sur le chemin. Ses yeux qui pétillent. Envie de la prendre par le bras pour quelques mètres, lui dire qu’elle est belle. Envie de juste la croiser, comme dans un rêve. Je la salue en la vouvoyant. Elle éclate de rire et, levant sa canne au ciel, me répond en me tutoyant. Son sourire de femme. Toute la tendresse de mes yeux. Je me retourne, juste une fois. Elle s’éloigne, comme dans un rêve.

    Les oliviers, de plus en plus nombreux. Le soleil descend doucement sur les montagnes au loin, un de ces moments où tu te sens en harmonie avec la terre entière. Ne faire qu’un, être au monde, la sérénité la plus aboutie. Je me pose, ouvre mon Sophocle au hasard.

    « Antigone : Mon pauvre père, Œdipe, j’aperçois des remparts autour d’une acropole ; mais ils sont encore, si j’en crois mes yeux, à une bonne distance. Ici, nous nous trouvons dans un lieu consacré. On ne peut s’y tromper : il abonde en lauriers, en oliviers, en vignes, et, sous ce feuillage, un monde ailé de rossignols fait entendre un concert de chants. Repose-toi ici sur cette pierre fruste. »
    Sophocle, Œdipe à Colone.

    Je souris. Comme une évidence.





    Deux heures de marche. Le soleil se couche dans une traînée de nuages. La lune, pleine, ne tarde pas à apparaître et m’éclaire le chemin.



    Un olivier m’accueille, pour la nuit. Je le caresse, lui dis ma joie et ma fierté d'être simplement là, lui prends quelques rameaux à offrir aux ami-e-s, je finis doucement la bouteille. Le monde n’a jamais été aussi simple et beau que ce soir.

    dimanche, novembre 18, 2007

    le voyage en Grèce, vol. X



    La Fraction Armée Spinoziste est internationale. J’hurle de rire et de joie en le découvrant dans une ruelle. Putain, si j’avais pensé que le Spinoza crew étendait ses tentacules jusqu’ici. Du coup, je polis la lentille de l’appareil en guise d’hommage au génial Hollandais. Déjà y a un mois, en plein Paris…



    Par Zeus, l’humanité serait-elle enfin en train de trouver, more geometrico, la voie de la sagesse ?

    Sur ces hautes considérations philosophiques, au sens propre, un petit passage à l’EMME. On me présente aux nouveaux arrivants, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde : « Oh, you don’t know Ubi ? He’s a friend of J. and came to say hello ». Le fonctionnement grec en groupes affinitaires est vraiment super efficace même si j’arrive toujours pas à comprendre comment ils réussissent à ne pas être infiltrés par des méchants pas gentils. Du coup, direct, je fais partie de la famille.

    On tchatche un peu sur les colonels ; j’apprends avec consternation que les néo-fascistes grecs parlent de Papadopoulos sous l’unique nom de « The President ». Je tremble un bon coup. Saloperie de bête immonde dont le bide ferait bien de se calmer une fois pour toutes. Comme quoi, l’hydre de Lerne, partout, toujours. Herakles a mal fini le boulot.

    (jeu de mots ultra classieux : KOSMOS c'est l'ordre, l'univers, et CHAOS pas besoin de traduire, et blam, suffit d'associer les deux pour faire KHAOSMOS...)





    (Athènes - Oaxaca, le chemin des 1000 Molotov)

    Demain, Delphes…

    vendredi, novembre 16, 2007

    le voyage en Grèce, vol. IX

    Déjà qu’Athènes, c’est le bordel ; mais le Pirée, c’est vingt fois pire. Je vois guère que la zone industrielle d’Ostende qui puisse rivaliser.

    Parkings infinis déserts, routes en terre, ouvriers et marins qui te matent comme c’est pas permis, barbelés rongés de rouille, capitaine de navire qui se fait prendre en stop par un Vespa pourri, douaniers qui ont l’air aussi cleans qu’un retraité sicilien, immeubles de verre de cinquante étages, graffitis satanistes à côté des églises, gosses qui jouent dans le caniveaux…





    Un port, quoi, un « lieu ouvert de la halte transitoire », comme dirait le Foucault. Parce que faut bien dire que je pense plus à Foucault et à Cioran qu’aux gamins chantés par Melina Mercouri.

    Et, même dans ce lieu improbable, la lumière de la Méditerranée, et puis Baudelaire, forcément, l’invitation et l’homme libre qui toujours chérira…

    La hideur des polices ne remplacera jamais la beauté ensoleillée des corsaires.



    Exarchia, rencard avec la belle de l’avion. Je souris à l’avance en pensant à notre dernière entrevue. Tiens, elle vient avec une copine.

    Je rentre plus tôt que prévu.

    Déjà que les Françaises j’ai du mal à comprendre, alors les descendantes de Pénélope…

    Du coup, je pense très sérieusement à m’acheter à komboloï. Et puis non, merde.

    Y a au moins un avantage, c’est que je ne me paume pas dans Athènes et que je chope deux jolis tags.