lundi, janvier 14, 2013

Qu'on leur envoie les CRS, la BAC et les lacrymos, bordel !

Bon, je comptais faire un grand billet peuplé de références et de photos mais v'là-t-y pas que l'ami et camarade Jérôme Leroy m'a précédé. Et comme on pense peu ou prou la même chose que lui, on le cite, donc et on illustre :






"Ils étaient donc, ces "bons français", ces "bons pères de famille", ces "mères aimantes"  entre 300 000 et 800 000 à Paris, ce dimanche.

Bon, on rappellera que lors des manifs contre la réforme des retraites en 2010, le peuple, le vrai, celui qui était descendu lui aussi dans la rue, avait dépassé huit fois le million de manifestants. Et il ne descendait pas, le peuple, pour s'occuper de ce qui se passait dans le slip du voisin mais pour sauver un modèle social. 

Sarkozy n'avait pas cédé. On espère que Hollande aura la même fermeté. Question de principe."







On ajoutera qu'en plus de manifester, on avait l'honneur de faire grève, nous ; et pas un dimanche...

lundi, janvier 07, 2013

Nous... La cité (bonus track & no comment)


« Choisir les mots par lesquels cela s’énonce est une liberté considérable, plus haute que les murs qui vous enferment encore. »

Jane Sautière
 
 
 
Le 6/05/2011

23 h 35

Monsieur Rachid,
 
Après quelques heures de frappe sur l’ordi, j’ai l’impression d’être là, au mitard, dans le cube d’à-côté au moment de la promenade, près de toi, on discute. Je sais pourtant bien que tu as été transféré, je t’ai même vu ce matin où tu m’as remis, à la fin de l’heure et demie de boulot, ton journal tant attendu.

« Je voulais pas qu’il passe par la SPIP, y a des trucs chauds quand même dedans... »

J’ai attendu quelques heures avant de le lire. D’abord revenir de la maison d’arrêt, la musique à fond dans la bagnole, et la magnifique vue sur Paris quand on arrive vers Gennevilliers depuis l’A 15. Ensuite retranscrire l’heure et demie d’entretien, l’école de la rue, onze pages à taper, méthodiquement, en éclatant de rire par moments à certaines de tes histoires.

Être un peu gêné et ne pas trop comprendre pourquoi tu te sentais frustré à la fin de séance de boulot.

« Rien de concret, pas être assez allé au fond des choses », me disais-tu.


15 h 00.

Fini de taper depuis un quart d’heure. Trop envie de te lire. Je me prépare un café, roule ma clope, et descend au grand soleil de mai, tes feuillets dans la poche. Le premier banc fait l’affaire.

Une baffe dans la gueule, totale. Putain de style, sec, répétitif, un direct au cerveau. Le texte m’agresse et me remue comme ma première visite au mitard, quand j’étais venu un samedi matin de novembre pour te montrer je ne sais plus quelle attestation.

« Je m’en fous, c’est pas ma première visite au château », écris-tu au début de ton journal. Moi non plus, donc. Mais la ressentir comme la première fois, dans cette salle du prétoire avec le rond vert par terre, celui où tu dus te tenir pour l’audience, sous l’oeil de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, sur le mur de gauche, pour peu qu’elle y soit toujours. Trente jours.

Voir l’évolution, sur ces trente jours. La gamelle, la prière, la douche qui reviennent et reviennent. Chouk et Chik que j’aimerais rencontrer, ces SS que tu décris si bien, dans leurs mesquineries et leurs abus de petits pouvoirs ordinaires ; et quelques surveillants.



16 h 00.

J’ai lu, relu.


18 h 00.

Je commence à retranscrire. Presque rien à changer de ton texte, sinon quelques fautes d’orthographe et de ponctuation. Je pense au bouquin à venir. Ce journal devra en être une partie centrale, vitale, essentielle.

Je pense au texte que je devrais écrire pour lui rendre honneur. Peut-être celui que je ne t’ai jamais montré sur la fois où je suis venu te voir au mitard, la première fois. Mais je ne veux pas te replonger dans ces histoires de taule, alors que tu y es encore. Alors ce sera sans doute mon propre journal, celui que j’avais écrit quand nous étions « à la campagne » du côté de V***.


22 h 22

J’ai retranscrit huit feuillets sur treize. Le texte est grand, fort, indubitablement. Plus je le relis et le retranscris, plus je le pense.

Fini pour ce soir.


00 h 12.

Je me perds un peu. Le texte. Le texte sur le texte. Le texte sur le texte qui parle du texte.

Soyons simples.

Tes mots m’ont touché, voilà tout.

Je t’offre les miens.

Et quels que soient les barreaux derrière lesquels tu dors ou brûles tes draps, des gens pensent à toi.