mardi, juillet 17, 2007

Paris, ailleurs, debout, réveille-toi...


"Réprimer, enfermer, torturer en invoquant
la démocratie ; où ils font un désert, ils
appellent ça la paix."


De partout, les sirènes hurlent en ces soirs de mai. Paris et sa banlieue, ailleurs, Lyon, Rouen, Toulouse, la Bretagne, ailleurs, Grenoble et leurs banlieues. Ailleurs. Et la Bastille.

Nous ne voulons pas ronger l’os que le Pouvoir nous tend. Mais préserver nos viandes, nos cerveaux et nos chairs. Vivre. Et nique sa mère les législatives.

Les sirènes hurlent, les hélicos survolent, les lacrymos et les vitrines explosent, les pavés volent.

Nous nous souvenons des sans-culottes, de Saint-Just déclarant dans la Constitution de 1793 que l’insurrection est le plus sacré des droits et le plus fondamental des devoirs.



Nous savons que le Nabot n’est qu’un prétexte, que la rage toujours éclate, éternelle et vivante, irrémédiable.

Nous savons nos camarades d’Athènes, d’Oaxaca et du Chiapas, d’ailleurs, des squatts de Barcelone, de partout ailleurs, qui nous regardent, nous soutiennent et nous veillent ; agrippés à cette increvable idée de liberté que Paris envoya au monde, voilà plus de 200 ans, à la Bastille.

Depuis une semaine, les flics nous serrent les uns après les autres, révoltés, passants, banlieusards, inconnus, foule d’anonymes osant encore défier l’innommable. Ils auront beau couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps. Le sang de la révolte coule encore dans nos veines.

Un dimanche que nous voulions être le Grand Soir, la Nuit, et tous les Petits Matins du monde. Des pavés, des barricades et des feux à n’en plus pouvoir, comme un grand chant d’amour du peuple de Paris à la face de l’univers, et toujours des pavés. Les larmes coulent plus de la joie de voir ce monde vermoulu vaciller que des lacrymos surdosés et des grenades au poivre. Jusqu’à 4 heures du matin, l’affrontement dure, irréel et magique. Nous n’aurons pas vu l’aube, nous nous retrouverons le soir. A la Bastille.



Dix fois moins de monde le lundi pour dix fois plus de keufs. La manif sauvage remonte la Roquette qui vole en éclats. Les vitrines d’un restau chinois, d’un épicier, d’un bar rempli de clients éclatent -belles barbouseries de cristal- en plus des habituelles banques et agences d’intérim. Ça sent le malsain, ça part en couilles, trop vite, trop fort. Les keufs n’attendent que ça et embarquent à tout va. Une centaine d’arrestations.

Mardi soir, la fatigue commence à se faire sentir, la Bastille est en état de siège policier, les petits groupes qui arrivent sont interpellés préventivement, le dégoût de la veille a clairsemé les rangs. Les premières peines de prison ferme sont tombées dans l’aprème. Les bleus jubilent et ont sans doute des débuts d’érection sous leurs coquilles. Encore une centaine d’arrestations.

Changement de décor pour le mercredi qui coïncide avec la traditionnelle manif annuelle anti-nazillons. A saint-Michel, 200 personnes pour une contre-manif interdite, 130 interpellations pendant que 500 fachos se pavanent en toute impunité, battes de base-ball, bras tendus, manches de pioche et casques à pointe. Gazage à l’intérieur des bus, insultes, menaces et coups au commissariat, premières bavures…

Le feu couve et n’a pas encore quitté le désert qu’ils nous préparent. Le feu de la banlieue, le feu de Paris et de partout ailleurs, le feu de la Bastille. Nous sommes prêts…




(merci à Thib pour les tofs...
OST : Mon Dragon - les Cafards)

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