dimanche, janvier 27, 2008

extension du domaine de l'invariance

Aujourd'hui c'est dimanche et Ubi est content (1).

Le dimanche, c'est bien, c'est rituel, c'est de ces quelques trucs qui participent des certitudes éternelles (2).

Ca commence à 10 heures, invariablement, réveil qui explose généralement à la tronche et la sale gueule de bois de la veille, mal aux cheveux, vite café, l'ami Meyer va attaquer sur Inter.

Parce que, le dimanche, c'est avant tout la magie de la radio. La Sainte Trilogie de Radio France depuis que j'ai plus la télé et que j'ai arrêté Télé Foot (3).

La Prochaine fois je vous le chanterai, Panique au Mangin palace, Des Papous dans la tête.

Quand le service public oublie enfin de racoler la bassesse, l'inculture et le pouvoir en place.

Le Philippe Meyer, donc pour commencer (4). C'est à lui que je dois de ces merveilles oubliées qui illuminent ma discothèque. Le café vient de monter dans l'inox italien, je commence vaguement à me fringuer alors que les frères Jacques ou Leprest chantent dans le poste. Jean troué et sweat capuche, enfiler en vitesse la casquette, reprises d'à deux c'est mieux, la liste des courses est prête.

Le dimanche à Bamako, c'est le jour de mariage, qu'ils nous chantent les aveugles africains. Et Montreuil, c'est la deuxième plus grosse ville malienne au monde après Bamako. Et le dimanche à Montreuil, c'est le jour du marché. Et le marché de la Croix de Chav', c'est un des plus beaux marchés du monde (5).

Quand la France éternelle des ouvrières banlieues rouges rejoint la Méditerranée et pousse la porte de l'Afrique.

L'apéro chez Robert (6), un des derniers du réseau "bar rock" alternatif des glorieuses 80's, rade minable où sont venus jouer tous les pires, des Bérus aux Wampas en passant par l'ami Binamé, encore l'an dernier. La gueule de l'emploi, le Robert, qui s'accorde avec le formica et le Parisien qui traîne sur le zinc. Se poser en terrasse, déballer la charcut' ritale achetée un quart d'heure plus tôt, voisin-e-s qui louchent de l'oeil, offrir de la coppa, des olives et du jambon, verres qui trinquent et c'est parti pour les tournées (7), prendre le temps, vivre, tout simplement.

Le blanc de l'apéro commence à monter doucement à la tête, prendre le temps du retour, le sac lourd et sourire comme un con, les quatre étages sont durs aux mollets travaillés par le blanc, l'heure des Papous. La folie de l'Oulipo une fois par semaine, depuis que cette salope de Laure Adler a viré les quotidiens Décraqués (8). L'attente du Pouy et du Vallet, les rires d'intelligence qui viennnet deux secondes après le calembour que tu viens enfin de capter. Et si j'en connais certain-e-s dont le rêve ultime est d'écrire un jour dans le Canard du mercredi, le fantasme ultime, pour ma part, c'est de participer aux Papous. Nique sa mère l'Académie, le Panthéon et les rues ou les imapasses à mon nom, non, vraiment, y a que les Papous qui m'intéressent en guise de consécration.

Et ce dimanche, en plus, oh surprise, le Roger des Prés passe chez la Kriss. L'ancienne voix de FIP qui te balance des interviews de joyeux doux-dingues (9). En bon secrétaire du Conseil d'Administration que je suis, j'écoute, un peu bourré, bientôt la sieste, avec la joie d'entendre la voix familière du Roger sur Inter. Toujours aussi classieux et décadent. Salut à toi, camarade...

La demi carcasse de poulet traîne sur la table, le verre de vin n'est pas fini, pas le courage de foutre le fromage au frigo, ça sent la sieste, peut-être écrire un peu, se vautrer sur le pieu, le coup de fil d'un-e ami-e voulant venir bouffer ce soir qui me réveillera sans doute, j'écouterai la Panique du Philippe Mangin sur l'ordi, attendre le Masque et la plume en épluchant les patates et en préparant la sauce aux champis.

Un beau début de dimanche comme les autres (10).





(1) : ah, les VRP...

(2) : un peu comme les chansons de Sardou, les défaites du PSG et les talonnettes de l'autre con.

(3) : le plaisir de rater Pierre Cangioni et Stopyra, et Gilardi et Didier Drogba.

(4) : merci, miss K. !

(5) : ouh là, avec tout ça, il semble que pas mal de syllogismes soient possibles...

(6) : un mois que je l'ai pas vu, le Robert, pourvu qu'il ait pas lâché l'affaire...

(7) : tiens, encore ce matin, le Pedro au téléphone avait sa cops au téléf et me voyait bouffer mon jambon, il lui demande de se ramener pour l'apéro, hésitation quant à savoir qui va chercher le halouf, je me marre et lui envoie une tranche, ses yeux se plissent quand le cochon fond sur la langue, une heure hors du monde à deviser sur la bouffe et le temps qui passe... Sa chérie se ramène, olives et tomates séchées.

(8) : c'est bien la peine de faire une bio de la Duras, tiens...

(9) : catégorie dans laquelle le Roger se place plutôt bien.

(10) : pas mal pour un début, affirma...




  • la bande-son du dimanche à farfouiller, écouter et/ou podcaster
  • 2 commentaires:

    Dadu Jones a dit…

    Des images dans un verre.

    Des sons dans une tranche de coppa.

    Des odeurs dans la voix des gens.

    Du toucher dans la coulure du fromage.

    Du goût dans mes souvenirs.

    Montreuil.

    ubifaciunt a dit…

    Tu connais Montreuil ???


    Faudrait qu'un jour je vienne vers là où t'habites, ça a l'air sympa aussi...