mardi, avril 01, 2008

Protect me from what I want

La suite de par là...



Il a donc choisi.

Plutôt que de courir la belle et de dormir sous l'étoile qui l'est tout autant, ça sera Bois d'Arcy et, sans doute plus tard, un de ces nouveaux Etablissements Pénitentiaires pour Mineurs, un de ces endroits où les gosses se suicident en s'arrachant les lambeaux du t-shirt pour bander une dernière fois ou en pétant les néons pour se trancher les veines.

Quatre mois d'inconnu et de marche sous le ciel espagnol ont été moins forts que l'attrait de trois ans de taule.

On les voulait trop, peut-être, ces quatre mois pour lui. Tous les gosses de la cité les voulaient aussi. Que lui restait-il, à lui, de sa liberté, la seule qui vaille, celle de pouvoir choisir. Celle qui fait qu'on peut-être aussi libre à l'ombre des barreaux que sur un chemin de Compostelle, celle que toutes les pressions du monde ne pourront vaincre ; celle de dire non, et merde, encore une fois.

Nonobstant toutes les meilleures bonnes intentions du monde. Celles qui font l'enfer.

Laissez-moi être un gosse. Laissez-moi mes angoisses. J'ai peur de la nuit et de la solitude. Je ne veux pas me faire chier à marcher vingt-cinq bornes par jour. Au fond de cette cabane de merde, dans mes dix mètres carré, j'ai mes potes qui tambourinent à la cellule d'à côté, on se marre, on se vanne, et on t'emmerde, putain d'adulte qui crois savoir ce qui est bon pour moi.

Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul, qu'il disait le gars au gros tarin dans je sais plus quel film.

Descendre au fond du trou aussi, toujours aussi seul.

C'est à moi que je le devrais, tout ça, rien qu'à moi, et y a que moi qui peux le vouloir, si jamais j'ai envie de vouloir un jour.

Et je vous chie au nez.

Libre de choisir, libre de refuser.

En taule ou ailleurs.

Libre.














Véronique Sanson - le Maudit

4 commentaires:

el rubab a dit…

"(...)je me contenterai de pain sec et d'une robe rapiécée
car le fardeau de mes soucis est plus léger
que celui de l'obligation envers les hommes (...)"
dans un poème de Saadi du Jardin des roses

Anonyme a dit…

Toi, tu as les mots Ubi
pas lui
dans ces cas là, les mots font mal

pourquoi il doit dire oui ou non
moi aussi j'aurais dit non dans ces conditions

pourquoi il peut pas dire à un moment :
bon alors quoi, on y va ; ça fait deux heures que je suis prêt !


ou alors j'ai rien compris

Anonyme a dit…

Je sais pas si , un jour, jamais, on est prêt, on est libre.

Marcher, c'est difficile. Quelquefois.
On se retrouve tout seul face à soi.
L'angoisse monte.

Et c'était pas un choix possible. Je veux dire pas de possibilité de choix.

ubifaciunt a dit…

@ rubab : exactly, tu m'ôtes les mots (et pas le pain) de la bouche

@ birahima : good question, i think so also...

@ thé : je sais pas, c'est vraiment compliqué cette question là... to chose or not to...