jeudi, décembre 06, 2007

mes z'ami-e-s, mes z'amours, mes z'emmerdes...

"Ceux qui essaient de pactiser deviendront images.
Ils pâliront.
Ils pâliront aussi soudainement que les photographies que l'on expose à la lumière du soleil sur la table du petit déjeuner.
Cuites et gondolées à midi.
Lambeaux crevés lors de la rosée nocturne qui amène le lendemain."

Pascal Quignard, les Ombres errantes.




Me revoir, y a dix ans, à son âge, illusions qui minent le crâne, insouciance, premières manifs, premières émeutes, et le talent brut qui renverse tout sur son passage. Se croire (presque) éternel. Courir partout, happer et vomir le monde dans un immense éclat de rire ; une rage élémentaire, primale et salutaire.

Le temps des photos jaunies aux cheveux longs idées courtes, au t-shirt guévariste et à l'éternel keffieh.

Se chercher, vaguement aussi ; donner un sens à ce tout ça qui embrouille un peu mais semble faire sens dans les yeux et les mots de quelques autres.

Et des rencontres, fatalement. Premières manifs loin de la ville natale, avec des historiques-hystériques qui m'en apprirent plus en une nuit que... Des repas où le couteau rouillé trancha le pain de l'amitié. Des moments où les corps se rapprochent, se serrent dans l'intimité des gaz et des pavés qui volent sous nos rires. Apprendre, recevoir, toujours.

Et puis le temps passe, la Moselle continue à couler, premiers gros coups dans la gueule, premières gardav', le sourire des vieux briscards face à cet autre baptême du feu, leurs conseils, leurs présences. Mon chemin avec le leur qui m'ouvre parmi les plus belles bibliothèques que je connaissse.

Faire un bout de mon chemin, seul, porteur de cet héritage.

Et rencontrer ce gamin, l'oeil collé au viseur, m'éprendre d'affection pour son talent, puis pour ce gosse lui-même. Et l'amitié. Et transmettre, à ma manière. Comme un hommage. Comme un devoir.

Me revoir, y a dix ans, à son âge...





(OST : Sabac Red - Fight until the end)

3 commentaires:

Dadu Jones a dit…

Alors, pour ma part, hommage à ce quasi-inconnu de mes services que l'on nomme Matthias, par ici, qui m'a, un jour de duel passionné et vengeur avec un professeur un peu trop libéral, sauvé de la déconfiture par trop de verve, trop de trop. Nous n'avons jamais parlé.

Mais quand je le croise, ce briscard, ça va. Ça va mieux. Même si on ne se parle pas. Même s'il ne sait pas la place que je lui accorde dans mon imagination.

ubifaciunt a dit…

Il était pas roux par hasard ?

(je sais pas pourquoi, mais Matthias, ça m'a toujours fait penser à un prénom de rouquin...)

(si quelqu'un-e a une piste...)

ubifaciunt a dit…

ah si, en fait, je sais... c'est l'adjoint scientifique de San Antonio qu'est "plus roux qu'un Irlandais peint par Van Gogh"...