mercredi, octobre 10, 2007

Les enragé-e-s ouvrent le bal !



"Les idées s'améliorent. Le sens des mots y participe.Le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée juste."

Guy DEBORD, la Société du spectacle.



Photos de manif à Montebello publiées sur Indy. Se rendre compte qu'ailleurs, à l'autre bout du monde, dans une bulle de France au nord d'un continent (nique sa mère Yves Duteil !), ça lutte aussi, bien mieux que nous, avec la rage, la rage car impossible est cette paix tant voulue, la rage car c'est tout qui nous reste, la rage car ce monde ne nous correspond pas quand Babylone s'engraisse pendant qu'on crève en tas.

Se dire que le sens des mots importe aussi là-bas, plus que tout, et que cette lutte est avant tout celle de l'intelligence.

Nous c'est nous et nos frères/soeurs.

And the rest is silence.

Radio libre assurément improbable, je présume la console foireuse, le manque d'auditeurs, les problèmes techniques sans lesquels la radio amateur n'est plus de la radio mais de l'avoine pour moutons, et la foi, la foi inébranlable.

Nouveau rendez-vous du mercredi, en plus du rituel Canard. Les laquais se dé-chaînent.

Ca parle de trucs de là-bas qu'on aimerait tant vivre ou penser ici. Les mots et l'accent à travers le poste jaunissent la France comme une vieille photographie. Fut un temps où il parait qu'on était le pays de la liberté et qu'on a illuminé le monde avec ça... "Doit-on donner son identité lors d'un contrôle policier ?". Nomdidiou, si on avait le choix ici, arfff, humpfff... Plus tard, juste après, NTM enchaine avec "Assassin de la police". Le dernier juge que j'ai vu avait plus de vice que le dealer de ma rue.

Quelques mails échangés. Les mots, le rire, la classe. Je m'aperçois que la miouzikal prog' a plutôt la classe, chansons qui me touchent autant que les mots me parlent. Fitter happier radioheadien, la Keny et sa rage, des québécois classieux que jamais ils ne nous enverront bikoz ils les gardent jalousement (à la différence des glandues de chanteuses à poitrine opulente et voix aigrillarde, merci les cousins ! -m'en fous, j'écoute Desjardins et Plume Latraverse-), et la Hachloum qui reprend la version situ du Cinq heures de Dutronc en '68.

Je pense à la Bolch' et au Dadu. Idée essentielle à la con.

Ce mercredi, fidèle comme depuis quelques semaines au rendez-vous de 17 heures 30, la magie d'internet, 11 heures 30 là-bas. Les enragé-e-s ouvrent le bal.

Bah oui, on vous écoute à Paris, en banlieue, ailleurs. Emission confidentielle d'une radio de l'ombre. Il n'y a rien d'incroyable. Juste de la lutte et de la vie qui suintent des enceintes.

La Bolchevita, "groupe assez trash", attaque pour 7' 15'' de fureur. Je suis bien, je me marre, je pense à la Lorraine hurlant dans un studio de Montréal, cet avis de tempête pour tous les combats, de ceux qu'on a perdus aux prochaines illusions de justice et de dignité.

J'appelle le Dadu, lui explique vite fait que son défunt groupe passe tout-de-suite-là-maintenant sur une radio québécoise, il n'entrave pas grand chose, mais pourquoi comment, il se marre, heureux, flatté de l'évidence de ce petit bout d'internationale qui est le genre humain.

On est à mi-chemin entre Montreuil, Nancy et Montréal, je pense à cet honneur de la part de deux meufs inconnues que je ne connais pas, je pense à ce cadeau pour ce gars que j'aime, je pense à cette Commune qui emmerde les bâtards de Paris et d'ailleurs.

A cette heure, les blindés de la police se promènent au Québéc. Ici, en plus, on a les hélicos, les drones, les CRS à chaque carrefour. Ailleurs ils ont les chars et les militaires qui tirent à vue.

Mais ils ignorent les réseaux de l'ombre qui mûrissent et s'organisent. Qui s'aiment, d'Oaxaca à Athènes en passant par Hochelaga.

Sans se connaître, savoir les autres, se reconnaître, aimer les siens. Et tous les fuckin' blindés du monde n'y pourront rien.

And the rest is silence.



pour écouter :
  • c'est par là puis...

  • "Podcast"/"MCV"/"Mercredi"/"11h30"



    (avec des bouts de NTM, de la Arkana et du Tiqqun eud'dans
    et une photo avec de la vraie mirabelle lorraine dans des verres à Nancy, na !)

    5 commentaires:

    el rubab a dit…

    en tant que fan je peux pas laisser passer çà : "la justice nique sa mère, le dernier juge que j'ai vu avait plus de vice que le le dealer de ma rue" c'est ASSASSIN ("je glisse" 1991) et non pas NTM. Et dans le mix du morceau par cut killer c'est pas "Assassin de la police" qui se dit; en fait c'est "sound of da police" (KRS ONE en je sais plus quelle année), mais celui je te le concède, il est pas évident (en plus il peut vouloir dire la même chose, c'est vrai!)...
    sinon bien ton texte Ubi, on s'y croirait (où exactement je sais pas vraiment, mais autre part qu'ici en tout cas)
    en ce qui me concerne, j'ai quand même encore espoir que le château dans lequel dans Sarko nous a tous enfermés soit un château de carte et qu'il finisse par se péter la gueule tout seul; ce qui ne règlera pas tout j'en conviens (mais n'en reviens pas)

    ubifaciunt a dit…

    'fectivement la version Cut Killer... Big up pour ces précisions, el rubab !!!

    (et si y a moy de souffler sur le château de cartes, tu me préviens, hein....)

    Dadu Jones a dit…

    Un peu que j'me suis marré, nom d'une pipe en bois...

    Dadu.

    ubifaciunt a dit…

    et t'as écouté le lien aussi, actuelle patate mosellane ?

    "on croyait qu'il se passait rien en Lorraine..."

    Anonyme a dit…

    Good words.