mercredi, août 01, 2007

Montaigne



Du plus profond de mon être, je t’aime mon bon Montaigne et je sais que jamais, tu ne me trahiras. Tes Essais sont là, sur ma table de nuit, à attendre mes visites. Des retrouvailles où ton parler est si beau, où l’on prend du plaisir à s’acoquiner avec Sénèque et avec la Camarde, à se ressouvenir de la sagesse de Virgile et de ton pote Etienne. Tu parles comme un bon maître si sage et si conscient de ses faiblesses qu’il est impossible de te blâmer. Je te lis un peu comme le faisait Orson Welles ainsi qu’il est écrit sur la quatrième de couverture de mon édition, je te lis un peu comme on lit la Bible, je tombe sur une page au hasard et tu es là, toi que j’imagine si bien dans ton château du Bordelais une plume à la main, accompagné à ton bureau par quelques livres sentant bon les reliures de cuir, toi, écrivant comme on respire parce qu’il n’y a rien de plus naturel. Ta lucidité et ta sagesse font honneur au Monde, mon cher Montaigne, car ce sont tes genoux et non ta raison qui sont habitués à se courber et fléchir, toi qui aimerait mieux que ton fils apprît à parler aux tavernes qu’aux écoles de la parlerie, toi qui sais qu’on ne meurt pas de ce qu’on est malade mais de ce qu’on est vivant.

Grâce à toi et à quelques autres, le monde est beau et simple, parfois. On peut se permettre d’envoyer aux vents ceux qui ont voulu te commenter et on reste là, tous les deux, à s’interpeller comme tu aurais sans doute aimé, un livre à la main, dans la simplcité de deux êtres qui parlent de leurs désamours, de leurs espérances, des Amériques au loin et du temps qui, inéluctablement, nous amène à vieillir à force de s’enfuir.


(OST : Erik Satie - Gymnopédies)

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