mercredi, août 01, 2007

merci Monsieur


La dame en noir pour rendre hommage à l'homme en bleu...


"Vous savez aujourd’hui
Que de l’avoir perdu
C’est lourd à supporter…"
(Barbara, Madame)


Zinédine,

Je viens d’apprendre la nouvelle, en voyant la Une de L’Équipe au Champion de Josselin, Morbihan, Bretagne, France. Ce soir, à 19 heures 45, tu vas dire que t’arrêtes.

Sur le chemin du retour, comme d’habitude, Barbara chantait dans la bagnole. Son plus bel album, sans doute, le live de 1967 à Bobino où elle enchaîne les chefs d’œuvre comme toi les passements de jambe, le plus naturellement du monde. Et, d’un coup, tout, ou presque, a pris sens sous ce ciel noir de l’Argoat, entre Oust et Brocéliande. C’est pour toi qu’elle chantait, Zinédine, pour la grâce, pour la beauté, pour le moment tragique de ce départ que je me suis acharné à ne pas vouloir imaginer. La pureté de la voix comme la pureté du geste, mes yeux qui s‘embrument et ce foutu ciel breton qui va se mettre à chialer, alliance de la beauté et du désespoir, éternelle tarte à la crème.

Inutile, donc, de te dire de rester, on sait qu’on se quitte, on sait ce qu’on quitte, t’es pas du genre de Sheila à faire trente-cinq fois tes adieux pour autant de retrouvailles, ça serait encore plus glauque. Pardonne aussi à la rage du moment mais peut-être que, là-bas, dans ton Real pourri de stars et de fric, ce Real dont Franco était le premier supporter, peut-être que là-bas ils savent mieux t’aimer et qu’ils sauront mieux te retenir que nous, ce foutu Real que j’ai même commencé à aimer puisque, comme elle le chante: "C’est parce qu’ici ou là / Dans un autre pays / Pourvu que tu y sois / C’est toujours mon pays".

T’auras beau protester, mais, avec toi, c’est bien plus qu’un simple joueur qui s’en va. Bon, j’ vais pas sortir les grands mots non plus ("Ma plus belle histoire d’amour, c’est...") bikoz’ je sais que t’aimerais pas, mais quand même, c’est une putain d’idée du sport et de la beauté qui se fait la malle au plein cœur du mois d’août. Note bien que j’me contrefous autant de tes deux buts contre le Brésil que de cette prétendue image de l’intégration dont des abrutis de politicards ou de sociologues n’ayant jamais été au stade, sauf, sans doute, pour une quelconque finale, nous ont rebattu les oreilles. Un exemple, donc, un seul, de ton génie, plus qu’une litanie de buts ou de gestes techniques à faire naître et se hérisser des tifs sur le crâne de Barthez ou à illuminer les yeux de l’ami Ray, l’autre Genius barré lui aussi dans les limbes de nos rêves envolés. Coupe du monde ’98, paumé au milieu de quatre Saoudiens, une passe de quatre-vingt mètres dans la course de Liza. Le stade met trois bonnes secondes à comprendre, à pousser un unanime "ohhhhhhhhhhhhhhh" d’admiration, parce que c’était voulu, parce que tu l’avais voulu. Tu l’avais souhaité autant que ce départ qui nous laisse comme deux ronds de flanc, unanime "ohhhhhhhhhhh" de tristesse et de désespoir, qui me fait hurler à la jeunesse envolée, aux amis perdus et au temps qui pourrit tout, qui va me faire devenir un vieux con puisqu’à compter de ce jour, je n’aurai de cesse de déclarer que tu fus le meilleur de tous les temps of ze world et à jamais.

Tout ça parce que c’est toi, "parce que je t’ai-ai-meuh" (toujours Barbara), et que, à l’image de quelques autres compagnon-ne-s, certains soirs, le monde paraissait bien plus simple grâce à toi.


P.S : une dernière pour la route, cher Zinédine, inutile de t’en indiquer la provenance...

"C’est mieux, je crois,
Bien mieux,
De se quitter,
Avant que ne meure
Le temps d’aimer"

2 commentaires:

Anonyme a dit…

m'en fous j'aime pô le foot

:p

ubifaciunt a dit…

moi non plus (euh quoi que m'enfin bon voilà quoi...)