samedi, mars 08, 2008

A day in the life...

J'avais cru naïvement que ce serait, comme tous les ans, la journée de la Femme ; il s'est avéré que ce fut banalement, comme tous les jours, l'année de la police.



Welcome back in Parigi.

Rassemblement un peu pourrave à Répu, même pas deux cents à balancer quelques slogans rigolos contre les fachos et les machos qui nous cassent le clito.

Passage par la rue Saint Denis un samedi après-midi de vacances à 16 heures, le tecktonik crew n'en croit pas ses crêtes et ses mèches blondes de voir des putes et des trans encore-plus-volontairement-ringard que lui.

Arrivée à la fontaine des Innocents. Dans la foule bigarrée des Halles (jeunes à casquettes, militant-e-s féministes, sans papiers, simples passant-e-s...) doit pas plus y avoir d'innocents aux yeux de nos chers gouvernants que dans les rangs de la police nationale au soir du 17 octobre 1961.

On sort la boutanche de rouge pour l'occase. Le gros rouge, celui qui tache bien, qui attaque sûrement l'oesophage avant de ruiner le bide quand il tombe en faisant pschhhhhh sur l'estomac.



La police nationale de France, donc, puisqu'on en parle. A peine un début de baston explicative qu'une trentaine de fonctionnaires cernent la place. "Si la police demande à ce qu'il y ait un périmètre de sécurité, c'est qu'il y a une bonne raison, monsieur...". Si la police rafle des sans-papiers, c'est qu'il doit y avoir des bonnes raisons aussi. Si la police n'est pas intervenue quand deux gosses se sont planqués dans un transfo aussi. Si la police a balancé des étoiles jaunes dans des camps aussi.

Ils sont sur les dents, les fonctionnaires de la police nationale de France ; ça se sent. Peut-être le jour, l'heure, le monde, le lieu, peut-être parce qu'on sent que ça peut déraper à tout moment. Peut-être un symbole de la guerre civile en cours.

Quelques minutes plus tard, ras-le-cul du rassemblement féministe, d'Arlette qui fait sa belle et de l'UNEF qui est bien la pire pute de la manif. On bouge à six et avec un boutchou de 3 ans, la bouteille de rouge finit de tourner, des skaters se font contrôler par une escouade de la police nationale de France. Sans doute des terroristes en puissance qui planquent des molotovs dans les essieux de leur planche à roulette. On hallucine, le Thib' sort l'appareil photo pour immortaliser la gueule goguenarde du japonais à lunettes de soleil hallucinant au milieu de quatre zélés fonctionnaires.

Les rires comme seule arme face au dérisoire et à la vacuité. Les quatre zélés fonctionnaires, à tour de rôle, nous matent d'un oeil torve pendant le contrôle d'identité.

Puis,
lentement,
l'air décidé et supérieur,
condescendant,
s'approchent :

"Monsieur, vous buvez quoi ?...
De l'alcool ?...
Du vin ?...
Consommation d'alcool en réunion...
Convocation au tribunal et 150 euros d'amende...
Nooooooon z'avez pas le droit de boire sur la place publique...
Oui en réunion, z'êtes plusieurs...
Mais bon, on est gentils, on vous fait une fleur...
Allez, jetez cette bouteille tout de suite...
Oui on sait qu'elle est vide mais on vous fait une fleur..."

C'est pas que j'ignorais complétement qu'on avait même plus le droit de picoler dehors avec des potes-se-s dans ce beau pays de France, c'est surtout que je savais pas que les keufs avaient des actions chez Interflora*.

Le Japonais avec son skate devait autant se marrer et être atterré en nous matant aux prises avec quatre zélés fonctionnaires de la police nationale de France que lorsqu'on le soutenait du regard, de l'appareil photo et de la boutanche.

Le Truman Show, en live. Tirez le rideau, sortez les caméras bordel, montrez-nous Marcel Béliveau qu'on fasse style ah ah ah vous nous avez bien eu...

Et le Nico, prémonitoire, qui disait en les voyant s'approcher :"Si ça se trouve j'ai même pas le droit de porter mon fils sur mes épaules".

Une journée banale.

Banale d'abus de pouvoir et de rage qui monte.

On se pose boire la dernière bière en réunion à la terrasse d'un troquet. Les rires encore mâtinés d'incompréhension et de révolte. La journée de la Femme semble bien loin. La vessie commence à accuser le rouge bu illégalement et le houblon. Descendre aux chiottes, et se rappeler que le 8 mars...



"Applé nous". Appelez le 17 aussi, au cas où. On sait jamais...










Jean Leloup - 1990
(ça nous rajeunit pas les z'aminches...)







* : copyleft celle qui ne m'en fait pas assez, peut-être....

(et thanks au Thib' pour la première tof)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

beau récit qui appuie sur le champignon.

ubifaciunt a dit…

On aurait mieux fait d'en prendre des champotts, on aurait peut-être moins halluciné... (ou pas)

Anonyme a dit…

que devient El-rubab ?

Dadu Jones a dit…

Ouais mais vous êtes fous ou quoi?

Depuis que les étudiants égratignent la peinture des casques des pauvres CRS avec des bouteilles vides, c'est devenu une dangereuse arme de guerre ce truc!

Même l'UNEF le dit!

C'est pour dire.

Anonyme a dit…

ouais !
à manu militari
Manu Larcenet

ubifaciunt a dit…

@ birahima : je pense que le Rubab se terre dans les limbes de son silence mais j'en ignore la raison (peut-être pouponne-t-il enfin ???)

@ dadu : putain, si l'unef le dit, on arrête tout tout de suite ! ouf, merci de la précision