« Brûlé de plus de feux que je n’en allumai…. »
Jean Racine, Andromaque.
Ne rien avoir rapporté.
Sinon la joie.
Ne rien avoir emporté non plus, à l’heure de monter dans l’avion, lois d’exceptions permanentes, mesures anti-terroristes, quand un livre devient une pièce à charge et le numéro de téléphone d’un ami étranger la preuve d’un complot international.
Ne pas avoir pris de notes, pendant ces quatre jours, des fois que… Ne rien avoir rapporté, sinon ces souvenirs aussi brumeux que les lacrymos faisant pleurer Athènes.
Ces nuits où la Grèce n’aura jamais été aussi belle du deuil et de la rage, de la fureur et du mystère, du silence et des flammes.
Athènes dont le plus beau marbre est celui jeté à la gueule des porcs assassins d’un gamin de quinze ans, d’un avocat véreux, d’un Etat qui vacille. Athènes où les applaudissements éclatent en même temps que les vitrines. Athènes qui brûle pour Alexis et s’en fait une joie.
Les heures égrènent les vingt gosses de treize ans aux couleurs du PAO, de l’Olympiakos et de l’AEK attaquant ensemble une prison, la grève de l’Acropole, les bouteilles vides qui attendent, les camarades italiens devant Polytechnique, les trottoirs défoncés à coups de barre à mine, les carcasses des bagnoles cramées une troisième fois pour une énième barricade, les motos qui tournent sans fin pour chouffer les keufs, les hélicos qui tournent sans fin pour surveiller la ville, le rire des amis, l’odeur des lacrymos importés d’Israël, les discussions sans fin dans la douceur des orangers.
Et puis nos doutes, aussi, de pauvres petits français peu rompus à une telle guerre de rue. Blanqui a sans doute plus essaimé à Athènes qu’à Paris. Quoi que, par certaines nuits d’un novembre 2005…
Tends-moi ton Molotov, camarade, saurai-je m’en servir, ne tremblerai-je pas, et ces français que je ne connais pas qui sont à nos côtés, tends-moi ton bras et ta confiance, tends-moi ta force, je ne ferai rien ce soir, tends-moi ta joue que je m’excuse et je t’embrasse, camarade et ami.
La vie, la mort, tout ça, l’insupportable combien de gosses tués sous les balles d’un flic pour combien de flics tués. L’addition, s’il vous plaît.
La première manif, sac encore sur le dos, et des slogans comme un chœur de l’époque où ça inventait le théâtre et le monde. Ça monte des tripes, violent, décidé, le chœur chasse les quelques keufs qui osent se pointer sur le parcours. Les pierres volent déjà, la ville est à nous, nous sommes au monde, plus de théâtre.
Retrouver son chemin, lampadaires dépavés et trottoirs éteints, quelques verres de blanc pour la route, les poubelles crament aux carrefours, des cris au loin, les gaz, le feu. Ce vieux qui demande ce qu’on en pense en France ; à Paris… Lui, comme tout le monde il est d’accord pour que les banques soient attaquées, pillées. Rendues au néant.
Une fac occupée et retrouver les amis, comme une évidence. Etre là, simplement, parce qu’il le faut, parce qu’ils l’auraient fait dans l’autre sens, ou, à tout le moins, ils auraient brûlé un consulat si ça avait pété un peu chez nous. Pour la forme.
N’avoir rien à apporter, sinon notre joie d’être là, au milieu d’eux, au milieu de cet autre Alexis de quinze ans qui parle pour la millième fois de la mort de son pote, qui est devenu un symbole malgré lui, que tout ça dépasse bien au-delà des mots, il n’y a plus de mots d’ailleurs ; juste une ville qui vit d’embrassades, de retrouvailles et de banques qui flambent.
Une AG de 300 personnes où la parole circule, fluide et pure, où le langage signifie vraiment le monde et une forme de réel ; ça devait être comme ça, il y a plus de deux mille ans quand ils inventèrent le monde. Atavisme. Tradition. Ou héritage. Et quand bien même ils s’en défendent.
Le lendemain, manif à 13 heures. Les pierres pleuvent dès midi. Des gosses de treize ans chassent les keufs. L’impression de mourir et d’avoir à gerber ses poumons sous les lacrymos que l’Etat grec achète directement à l’armée israélienne. De l’incapacitant que les masques à gaz peinent à filtrer. Coude à coude. Bras à bras. Dans le rudoiement des gaz, les pierres redoublent.
J’apprends plus tard que la manif était soft, pas de cocktails de sortie car il fallait laisser aux étudiants le choix des armes. Ceux-ci avaient juste choisi les pierres, afin que tout le monde puisse participer, le plus naturellement du monde.
Passage par Polytechnique, rumeurs et fausses alertes. Les cagoulés chargés de Molotov veillent à la porte, la lune monte entre les colonnes grecques d’un bâtiment, un feu crépite. C’est la guerre, mondiale, civile et locale, la tension maintient en éveil. La guerre pour la seule cause qui vaille. C’est l’épreuve.
Nouvelle AG à la fac. Toujours autant de monde. Attaque-t-on ce soir ou demain. Ce sera demain. Dormir un peu, voir les amis. Parler. Refaire encore une fois ce monde que nous sommes en train de créer.
Le samedi, une semaine depuis qu’Alexis a été assassiné. Une AG où la parole se tend, les objectifs se précisent et les groupes se forment. Regards, coordination, l’organisation trouve ici son aboutissement. Un minimum de risques pour un maximum de dégâts. Les poings se serrent, tapent sur l’épaule.
Embrassades.
Capuches.
Cent cinquante à bouger, autant à protéger.
Cagoules, gants, écharpes, masses, pavés, cocktails.
Sous chaque masque noir, il y avait un sourire, dans chaque pierre lancée, de la joie, dans chaque corps révolté, il y avait du désir.
Tends-moi ton Molotov, camarade, ce soir je ne fais rien et je t’embrasse. Je suis auprès de toi.
Athènes brûle et s’en fait une joie.
Plus tard, dans Exarchia, la fumée sans qu’on sache s’il s’agit des lacrymos ou des banques qui crament. Encore une nuit. Encore des feux et des pierres, des matraquages et des gaz, une ville qui n’en finit pas de se rencontrer à chaque carrefour, de virer les journalistes, de se trouver dans ces gens qui parlent de l’innommable et de la joie. Les keufs morflent sévère.
C’est la guerre civile du monde qui nous attend.
C’est le dernier soir ; celui où l’on sait qu’on est déjà parti. La nuit de flammes et de fureur, les copains n’en finissent pas de charger, demain l’avion, le contrôle de police à la frontière, le dernier café sous les orangers, la dernière pierre lancée, les derniers doutes, cette ville où l’on laisse plus qu’une part de son âme, l’Acropole est toujours en grève, la ville brûle, Alexis est mort et les amis sont là.
Il est si juste que la ville qui a inventé la démocratie en soit aussi le tombeau.
Et puis ces derniers mots, écrits quelque part dans la nuit brûlante.
« Paris sous les bombes,
Athènes sous nos feux. »
à Cool, parti trois semaines trop tôt…
décembre 2008
Jean Racine, Andromaque.
Ne rien avoir rapporté.
Sinon la joie.
Ne rien avoir emporté non plus, à l’heure de monter dans l’avion, lois d’exceptions permanentes, mesures anti-terroristes, quand un livre devient une pièce à charge et le numéro de téléphone d’un ami étranger la preuve d’un complot international.
Ne pas avoir pris de notes, pendant ces quatre jours, des fois que… Ne rien avoir rapporté, sinon ces souvenirs aussi brumeux que les lacrymos faisant pleurer Athènes.
Ces nuits où la Grèce n’aura jamais été aussi belle du deuil et de la rage, de la fureur et du mystère, du silence et des flammes.
Athènes dont le plus beau marbre est celui jeté à la gueule des porcs assassins d’un gamin de quinze ans, d’un avocat véreux, d’un Etat qui vacille. Athènes où les applaudissements éclatent en même temps que les vitrines. Athènes qui brûle pour Alexis et s’en fait une joie.
Les heures égrènent les vingt gosses de treize ans aux couleurs du PAO, de l’Olympiakos et de l’AEK attaquant ensemble une prison, la grève de l’Acropole, les bouteilles vides qui attendent, les camarades italiens devant Polytechnique, les trottoirs défoncés à coups de barre à mine, les carcasses des bagnoles cramées une troisième fois pour une énième barricade, les motos qui tournent sans fin pour chouffer les keufs, les hélicos qui tournent sans fin pour surveiller la ville, le rire des amis, l’odeur des lacrymos importés d’Israël, les discussions sans fin dans la douceur des orangers.
Et puis nos doutes, aussi, de pauvres petits français peu rompus à une telle guerre de rue. Blanqui a sans doute plus essaimé à Athènes qu’à Paris. Quoi que, par certaines nuits d’un novembre 2005…
Tends-moi ton Molotov, camarade, saurai-je m’en servir, ne tremblerai-je pas, et ces français que je ne connais pas qui sont à nos côtés, tends-moi ton bras et ta confiance, tends-moi ta force, je ne ferai rien ce soir, tends-moi ta joue que je m’excuse et je t’embrasse, camarade et ami.
La vie, la mort, tout ça, l’insupportable combien de gosses tués sous les balles d’un flic pour combien de flics tués. L’addition, s’il vous plaît.
La première manif, sac encore sur le dos, et des slogans comme un chœur de l’époque où ça inventait le théâtre et le monde. Ça monte des tripes, violent, décidé, le chœur chasse les quelques keufs qui osent se pointer sur le parcours. Les pierres volent déjà, la ville est à nous, nous sommes au monde, plus de théâtre.
Retrouver son chemin, lampadaires dépavés et trottoirs éteints, quelques verres de blanc pour la route, les poubelles crament aux carrefours, des cris au loin, les gaz, le feu. Ce vieux qui demande ce qu’on en pense en France ; à Paris… Lui, comme tout le monde il est d’accord pour que les banques soient attaquées, pillées. Rendues au néant.
Une fac occupée et retrouver les amis, comme une évidence. Etre là, simplement, parce qu’il le faut, parce qu’ils l’auraient fait dans l’autre sens, ou, à tout le moins, ils auraient brûlé un consulat si ça avait pété un peu chez nous. Pour la forme.
N’avoir rien à apporter, sinon notre joie d’être là, au milieu d’eux, au milieu de cet autre Alexis de quinze ans qui parle pour la millième fois de la mort de son pote, qui est devenu un symbole malgré lui, que tout ça dépasse bien au-delà des mots, il n’y a plus de mots d’ailleurs ; juste une ville qui vit d’embrassades, de retrouvailles et de banques qui flambent.
Une AG de 300 personnes où la parole circule, fluide et pure, où le langage signifie vraiment le monde et une forme de réel ; ça devait être comme ça, il y a plus de deux mille ans quand ils inventèrent le monde. Atavisme. Tradition. Ou héritage. Et quand bien même ils s’en défendent.
Le lendemain, manif à 13 heures. Les pierres pleuvent dès midi. Des gosses de treize ans chassent les keufs. L’impression de mourir et d’avoir à gerber ses poumons sous les lacrymos que l’Etat grec achète directement à l’armée israélienne. De l’incapacitant que les masques à gaz peinent à filtrer. Coude à coude. Bras à bras. Dans le rudoiement des gaz, les pierres redoublent.
J’apprends plus tard que la manif était soft, pas de cocktails de sortie car il fallait laisser aux étudiants le choix des armes. Ceux-ci avaient juste choisi les pierres, afin que tout le monde puisse participer, le plus naturellement du monde.
Passage par Polytechnique, rumeurs et fausses alertes. Les cagoulés chargés de Molotov veillent à la porte, la lune monte entre les colonnes grecques d’un bâtiment, un feu crépite. C’est la guerre, mondiale, civile et locale, la tension maintient en éveil. La guerre pour la seule cause qui vaille. C’est l’épreuve.
Nouvelle AG à la fac. Toujours autant de monde. Attaque-t-on ce soir ou demain. Ce sera demain. Dormir un peu, voir les amis. Parler. Refaire encore une fois ce monde que nous sommes en train de créer.
Le samedi, une semaine depuis qu’Alexis a été assassiné. Une AG où la parole se tend, les objectifs se précisent et les groupes se forment. Regards, coordination, l’organisation trouve ici son aboutissement. Un minimum de risques pour un maximum de dégâts. Les poings se serrent, tapent sur l’épaule.
Embrassades.
Capuches.
Cent cinquante à bouger, autant à protéger.
Cagoules, gants, écharpes, masses, pavés, cocktails.
Sous chaque masque noir, il y avait un sourire, dans chaque pierre lancée, de la joie, dans chaque corps révolté, il y avait du désir.
Tends-moi ton Molotov, camarade, ce soir je ne fais rien et je t’embrasse. Je suis auprès de toi.
Athènes brûle et s’en fait une joie.
Plus tard, dans Exarchia, la fumée sans qu’on sache s’il s’agit des lacrymos ou des banques qui crament. Encore une nuit. Encore des feux et des pierres, des matraquages et des gaz, une ville qui n’en finit pas de se rencontrer à chaque carrefour, de virer les journalistes, de se trouver dans ces gens qui parlent de l’innommable et de la joie. Les keufs morflent sévère.
C’est la guerre civile du monde qui nous attend.
C’est le dernier soir ; celui où l’on sait qu’on est déjà parti. La nuit de flammes et de fureur, les copains n’en finissent pas de charger, demain l’avion, le contrôle de police à la frontière, le dernier café sous les orangers, la dernière pierre lancée, les derniers doutes, cette ville où l’on laisse plus qu’une part de son âme, l’Acropole est toujours en grève, la ville brûle, Alexis est mort et les amis sont là.
Il est si juste que la ville qui a inventé la démocratie en soit aussi le tombeau.
Et puis ces derniers mots, écrits quelque part dans la nuit brûlante.
« Paris sous les bombes,
Athènes sous nos feux. »
à Cool, parti trois semaines trop tôt…
décembre 2008
Toutes les pierres arrachées des trottoirs et jetées sur les boucliers des flics ou sur les vitrines des temples de la marchandise ; toutes les bouteilles enflammées gravitant sous le firmament ; toutes les barricades érigées dans les avenues, séparant nos espaces des leurs ; tous les containers plein des déchets d'une société consumériste que les flammes de l'émeute transforment, d'un rien en un quelque chose ; tous les poings dressés à la lune ; ce sont les armes qui donnent un corps et un vrai pouvoir, non seulement à la résistance, mais aussi à la liberté. C'est ce sentiment de liberté qui, seul, mérite qu'on parie sur de tels moments : le sentiment des matins oubliés de notre enfance, lorsque tout peut arriver, parce que c'est nous, comme être humains créatifs, qui nous sommes réveillés, et non les futures machines-hommes productives du subordonné, du stagiaire, du travailleur aliéné, du propriétaire privé, du père de famille. C'est le sentiment de se confronter aux ennemis de la liberté - de ne plus les craindre.
Ainsi, celui qui veut continuer à penser à ses propres affaires, comme si rien ne se passait, comme si rien ne s'était jamais passé, a de sérieuses raisons de s'inquiéter. Le spectre de la liberté vient toujours le couteau entre les dents, avec l'envie violente de rompre toutes les chaînes qui réduisent sa vie à une misérable répétition, permettant aux rapports sociaux dominants de se reproduire. Depuis samedi 6 décembre, aucune ville dans ce pays ne fonctionne normalement : pas de thérapie par l'achat, pas de routes dégagées pour rejoindre nos lieux de travail, pas de nouvelles des prochaines initiatives du gouvernement pour le rétablissement, pas de va-et-vient insouciant entre des émissions de télé sur la façon de vivre, pas de conduites nocturnes autour de Syntagma, et ainsi de suite. Ces nuits et ces jours n'appartiennent pas aux boutiquiers, aux commentateurs télé, aux ministres et aux flics. Ces nuits et ces jours appartiennent à Alexis !
En tant que surréalistes, nous sommes sortis dans les rues dès le premier moment, ensemble, avec des milliers de rebelles et d'autres gens exprimant leur solidarité, parce que le surréalisme est né du souffle de la rue et n'a pas l'intention de le lâcher. Après cette résistance massive aux assassins d'État, le souffle de la rue est encore plus chaud, encore plus accueillant et encore plus créatif. Proposer une direction à ce mouvement ne nous correspond pas. Toutefois, nous assumons toute la responsabilité de la lutte commune, parce que c'est une lutte pour la liberté. Sans être obligés d'approuver chaque expression d'un mouvement aussi massif, sans être partisans de la colère aveugle ou de la violence pour elle-même, nous considérons que l'existence de ce phénomène est juste.
Ne laissons pas ce souffle flamboyant de poésie s'éteindre ou mourir !
Convertissons le en une certaine utopie : la transformation du monde et de la vie !
Pas de paix avec les flics et leurs patrons !
Tout le monde dans la rue !
Qui ne peut comprendre la rage se taise !
Groupe surréaliste d'Athènes, décembre 2008
Ainsi, celui qui veut continuer à penser à ses propres affaires, comme si rien ne se passait, comme si rien ne s'était jamais passé, a de sérieuses raisons de s'inquiéter. Le spectre de la liberté vient toujours le couteau entre les dents, avec l'envie violente de rompre toutes les chaînes qui réduisent sa vie à une misérable répétition, permettant aux rapports sociaux dominants de se reproduire. Depuis samedi 6 décembre, aucune ville dans ce pays ne fonctionne normalement : pas de thérapie par l'achat, pas de routes dégagées pour rejoindre nos lieux de travail, pas de nouvelles des prochaines initiatives du gouvernement pour le rétablissement, pas de va-et-vient insouciant entre des émissions de télé sur la façon de vivre, pas de conduites nocturnes autour de Syntagma, et ainsi de suite. Ces nuits et ces jours n'appartiennent pas aux boutiquiers, aux commentateurs télé, aux ministres et aux flics. Ces nuits et ces jours appartiennent à Alexis !
En tant que surréalistes, nous sommes sortis dans les rues dès le premier moment, ensemble, avec des milliers de rebelles et d'autres gens exprimant leur solidarité, parce que le surréalisme est né du souffle de la rue et n'a pas l'intention de le lâcher. Après cette résistance massive aux assassins d'État, le souffle de la rue est encore plus chaud, encore plus accueillant et encore plus créatif. Proposer une direction à ce mouvement ne nous correspond pas. Toutefois, nous assumons toute la responsabilité de la lutte commune, parce que c'est une lutte pour la liberté. Sans être obligés d'approuver chaque expression d'un mouvement aussi massif, sans être partisans de la colère aveugle ou de la violence pour elle-même, nous considérons que l'existence de ce phénomène est juste.
Ne laissons pas ce souffle flamboyant de poésie s'éteindre ou mourir !
Convertissons le en une certaine utopie : la transformation du monde et de la vie !
Pas de paix avec les flics et leurs patrons !
Tout le monde dans la rue !
Qui ne peut comprendre la rage se taise !
Groupe surréaliste d'Athènes, décembre 2008
Band of holy joy - Fishwives
(petite actualisation avec des tofs gracieusement filées -c'est bien une banque qui crame sur la deuxième-, le texte des surréalistes athénien-ne-s chopés sur le blog du Serge Q. -see da com's for da references-, et la zique qui fera toujours danser les camardes athénien-ne-s, so do I...)
19 commentaires:
Brilliant text! Thanks so much for your account, for your powerful description! I now understand so much better what is going on down there! A question! Do you think it's gonna last over the Xmas period too? Are they gonna find strength to continue?
Un valaque autochtone d'un village montaigneux de Grece
saisisant... Est-ce que ton texte est sous license libre : que je me le garde sur wikipedia, que je le publie ailleurs, que sais-je !
J'ai été au coeur du mouvement francais étudiant de 2007, j'ai expliqué partout que la rage de 2005 était nourrit par les inégalités et l'impasse des jeunes, je me suis 'battue' sur les forum du web, sur wikipedia, pour dire plus que le discours officiel parlant 'de jeunes fous sans réclamations' : non, nous voulons que ca change, nous avons peut etre tout simplement plus de coeur que nos parents.
Merci pour ton texte !
Yug, sur wikipedia
@anonyme : i hope that they gonna find until the end... and that alle Europe will join them...
@ hugo : vazy, fais en ce que tu veux, fais tourner...
C'est quoi ce délire?
Ecrit d'un exalté, mais l'ampleur des dégats et des incendies heureusement n'a rien à voir avec ce qu'il écrit. C'est sans doute ce qu'il a vu en rêve
qu'est ce que ce texte, encore un roi du pétard, de la seringue, la schizo guette fortement, attention l'asile n'est pas loin continue comme ça, le chemin est bon, il y a des panneaux, tu peux pas te tromper, bonne chance.
tiens, t'as la visite de l'office national héllénique du tourisme
embrassades
capuches , Ubi
@ anonyme : Raconte alors, t'as l'air bien au courant...
@ bira : Hellénique sa mère, en somme...
bien trouvé Ubi
qu'il ne s'imagine pas que ça nous fasse chier cet anonyme
je me suis dit , tiens je vais enchaîner sur ses messages, y'avait trop de fausses notes là
tu sais bien que j'ai pas de capuche Ubi
mais je t'embrasse et je te souhaite un bon noël
J'envoie ton blog à Quadruppani
thé
Texte prenant les tripes.
... Tripes en suspend.
Newo
putain, j'arrive pas à envoyer de commentaires ur le blog du Serge Q.
bon ben v'là alors (et si quelqu'un peut m'expliquer...)
"Merci
Et bienvenue.
Au plaisir de vous lire, vous que j'ai en grande affection suite à la foutue passe d'armes daeninckxienne.
A moi, mousquetaires !"
Ubi, profil, sélectionne : compte google ou blogger, ça passe
Ai renvoyé lien ton blog Quadruppani, ubi
te fatigue pas thé
je lui ai dit en clair sur son dernier post
c'est le grand amour
http://quadruppani.blogspot.com/2008/12/non-seulement-le-crime-est-normal-mais.html
Message d’une insurgée grecque : “Pour une Nouvelle Internationale”
Une bande de politiciens et de journalistes forme un essaim de guêpes autour de nous pour essayer de tirer profit de notre mouvement, pour imposer leur propre rationalité. Ils affirment que nous nous rebellons parce que notre gouvernement est corrompu ou parce que nous voulons avoir plus d’argent, plus de travail…
FAUX.
Si nous faisons éclater les vitrines des banques c’est parce que nous identifions leur argent à l’une des causes majeures de notre tristesse, si nous brisons les vitres des magasins ce n’est pas vraiment parce que la vie est chère, mais parce que la marchandise nous empêche de vivre, quel qu’en soit le coût. Si nous prenons d’assaut les commissariats, ce n’est pas seulement pour venger nos camarades morts mais parce que, entre ce monde et celui que nous désirons, la police sera toujours un obstacle.
Nous savons que le moment est venu pour nous de penser stratégie. En ces temps impérieux, nous savons que pour que cette insurrection soit victorieuse, il faut qu’elle s’étende au moins au niveau européen. Du passé, nous avons vu et nous avons appris, aux sommets du FMI ou du G7 ont répondu la rébellion des étudiants à l’échelle mondiale et les émeutes des banlieues françaises, ou le mouvement de lutte contre la TAV en Italie, la commune de Oaxaca, de algaradas Montréal. De la défense à l’offensive, comme à Copenhague, y compris ceux qui boycottent la Convention Nationale Républicaine aux États-Unis .. Nourris par la catastrophe, nous sommes les enfants de toutes les crises : politique, sociale, économique, écologique. Nous savons que ce monde est déjà mort et qu’il faut être particulièrement dérangé pour s’accrocher à ses ruines… Et donc que l’option raisonnable, la seule, est l’auto-organisation.
Elle indique clairement le rejet total de la politique de partis et d’organismes, car ils font partie du Vieux Monde. Nous sommes les enfants victimes de cette société et nous ne voulons rien d’elle : c’est le dernier péché qu’ils ne nous pardonneront jamais
Derrière les foulards noirs, nous sommes les enfants de la société. Et nous sommes organisés. Nous ne pourrions pas fournir autant d’efforts pour détruire le matériel de ce monde, ses banques, ses supermarchés, ses centrales de police si nous ne savions pas qu’en même temps nous creusons sa métaphysique, ses idéaux, ses idées et sa rationalité
Ce qu’ils n’osent pas dire est que, tout simplement et dans le même processus, tout en assaillant et en dévastant cette réalité, nous expérimentons une plus haute forme de communauté, de participation, une plus haute forme d’organisation spontanée et joyeuse où apparaitront les bases d’un monde différent. Certains peuvent dire que notre révolte atteindra ses propres limites en ne parvenant à dépasser une pure et simple destruction. Cela pourrait être certain si, à côté des luttes de rue, nous n’avions pas prévu l’organisation nécessaire exigée par un mouvement de longue haleine : infirmeries préparées pour soigner nos blessés, moyens pour publier notre propre presse, notre radio, nos films, débrouillardise pour parvenir à se nourrir…
Dans toute l’Europe, les gouvernements tremblent. Certes, ce que la plupart craignent n’est pas que ça arrive chez eux, mais ils n’aiment guère cette possible cause commune qu’offre l’insurrection grecque à toute la jeunesse occidentale, lui offrant ainsi un magnifique prétexte pour porter le coup de grâce à cette société mortifère.
Ceci est un appel à toutes et tous, écoutez:
De Berlin à Madrid, de Londres à Tarnac, tout est possible.
La solidarité doit devenir complicité. Les affrontements doivent être prolongés; les communes proclamées.
Pour que les choses ne soient plus jamais comme avant. Pour que les idées et les pratiques nous lient à de réels progrès.
Pour que nous puissions continuer d’être ingouvernables.
Une révolutionnaire salue tous nos camarades du monde entier.
http://emeutes.wordpress.com
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