vendredi, septembre 14, 2007

dead flag blues

"On devient rapidement vieux et de façon irrémédiable encore. On s'en aperçoit à la manière qu'on a prise d'aimer son malheur malgré soi. C'est la nature qui est plus forte que vous voilà tout. Elle nous essaye dans un genre et on ne peut plus en sortir de ce genre-là. Moi j'étais parti dans une direction d'inquiétude. On prend doucement son rôle et son destin au sérieux sans s'en rendre bien compte et puis quand on se retourne il est bien trop tard pour en changer. On est devenu tout inquiet et c'est entendu comme ça pour toujours."

Louis Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit



Y a des jours comme ça où faut que ça sorte.

Envie de chialer mais le coeur aussi sec que les yeux. Envie de se vider mais trop de vide en soi.

Tout qui part en couille. Au sens propre.

Celle qui ne passe pas, pas de lettre, "le silence obstiné du téléphone", la fenêtre ouverte donne pourtant sur sa rue.

Celle qui est partie, tellement loin dans un coin tellement chouette que j'ai préféré oublier si c'était Santiago, Vladivostok, ou Samarcande.

Celle qui me mettra sans doute un lapin demain à la fête de l'Huma. Et même si les Stooges, le rock'n'roll et la rage. Le rêve d'une nuit.

Mes vacances en Grèce annulées bikoz' que l'Administration, quand ça s'y met, c'est vraiment l'Administration. Verdun, Craonne et Ypres plutôt qu'Athènes, Delphes et Salonique.

Et ce matin.

Quand tu te demandes ce que tu fous là.

Quand même les silences ne me protègent plus.

Quand tu ne sais que trop bien ce que tu fous là.

Quand la carapace explose, sur un petit bout de phrase, et que tu sais qu'il est trop tard. Trop loin.

Quand il n'y a plus qu'à pleurer, ou vomir pour être mieux. Ou comprendre. Mais des jours où comprendre c'est pas possible. Alors vomir.

Y a des jours où tu sais que la nuit sera longue. Et noire.



(OST : Tom Waits - No one knows i'm gone)

8 commentaires:

Anonyme a dit…

hello, tu as de la chance dans ton malheur -je compatis- celle d'être dans "Au bout de la nuit". Après ça, on passe son temps à rechercher la même densité, si on aime lire, et... pas grand chose en fait. Ou différent (mais c'est bien aussi).

ubifaciunt a dit…

C'est compliqué Céline. Enfin, pas Céline, mais le rapport qu'on a à Céline. Se dire que le gars est quand même une des pires pourritures au monde mais que... Ca faisait dix ans que j'avais pas rouvert le Voyage. Putain, quelle baffe...

Anonyme a dit…

ah bon, tu découvres pas (j'avais mal compris, alors).
Oui mais si L.F. est un exemple typique -de cette dichotomie- il est loin d'être le seul (Claudel dans un autre genre).
Le mec condamné la semaine dernière pour violations de sépultures juives en Alsace (127 tombes je crois :=)))) était père de famille, 37 ans, responsable syndical, bien vu de ses voisins (aveugles ?).
euh... le pseudo, t'as fait du latin ? (ou punk ?)

ubifaciunt a dit…

ah oui mais l'avantage avec Claudel, c'est qu'au moins tu peux chambrer sur la conversion, le pilier de Notre-Dame et l'écriture pas toujours fameuse. Alors que le LF du Voyage et de Mort à Crédit, y a putainement rien à jeter...

le pseudo c'est la contraction d'un bout de Tacite dans la vie d'Agricola (le discours de Calgacus). Faut que je fasse un post là-dessus, tiens.

Un pseudo-punk qui fait du latin à ses heures perdues ;-)

el rubab a dit…

"Quand tu te demandes ce que tu fous là"
c'est plutôt bon signe, man ...
ce qui est gênant c'est de se demander ce qu'on n'y fait plus.
el rubab de Bordeaux

el rubab a dit…
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ubifaciunt a dit…

ouaip' mais y a des jours où t'as la sagesse mystique de soufi pour te dire que...

quand tu ne vois dans Khayyam que le "bois du vin" et pas le reste du quatrain...

blourg !

ubifaciunt a dit…

je laisse mon lapsus ("où t'as PAS la sagesse mystique soufi")

pour une fois que c'est presque à mon avantage...